Volcardent

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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Chapitre 4 : Volcardent

Les gouttes d’eau s’écrasaient sur le sol éclatant alors le silence qui régnait dans cet espace pauvre et clos. Tout était calme dans ce décor en noir et blanc, rien qui n’aurait pu effrayer les habitués des lieux. L’un d’eux d’ailleurs, formé d’une encre noire pâteuse, circulait avec fluidité dans cet environnement qu’il avait su domestiquer à la perfection. A quelques détails près. Une tête de couleur obsidienne sortie de la masse ténébreuse, puis s’allongea pour planter profondément ses dents de carnassier dans son propre flanc. Doucement il en sortit le second habitant inconscient et le jeta sans ménagement sur le sol. Recouvert d’une substance gluante, celui-ci prit brusquement une énorme bouffée d’air avant de se retourner pour régurgiter le liquide noirâtre qui s’était infiltré par la bouche et les narines. La bête s’éclipsa avant que la jeune femme puisse reprendre tous ses esprits. Il n’avait pas fait ça par bonté de cœur, c’était son hôte et cela n’ennuierait sincèrement qu’elle meure.

Au même instant, Mitsuki rampait hors de l’eau vomissant l’eau qu’elle avait involontairement avalé. La bonne nouvelle c’est qu’elle n’avait pas perdu son katana, ni son collier, et son fourreau était miraculeusement encore dans son dos. La mauvaise, c’était que sa manie de garder sa prise sur son arme lui avait salement tordu le poignet. Par chance la blessure n’était pas ouverte mais elle restait qu’en même douloureuse. Elle se releva en titubant sur ses jambes lourdes, prenant soin de maintenir immobile son poignet qui la faisait atrocement souffrir au moindre mouvement. D’une main tremblante, elle déboucla la lanière qui maintenait son fourreau dans son dos et rangea son katana. Il lui fallut un moment pour y arriver mais elle réussit, bien que cette action n’atténuât en rien la douleur. Douleur qui lui indiquait avec aveuglement le responsable de son malheur lorsque Yosushi se fit entendre en crachant le mélange de sable et d’eau de mer qui s’était infiltré dans sa gorge.

- Kof kof, ça va Mituski ? demanda Yosushi.

- Ça va ? ÇA VA !? On vient de perdre notre unique moyen de transport, se retrouvant à la merci d’une île dont on ne connait rien mais qui est prête à nous tuer et tu me demandes si ça va !!!

- Oui, euh, enfin, je crois comprendre que c’était une question stupide.

- Oh mais quelle perspicacité ! T’as trouvé ça tout seul ?

- Oui et ce n’est pas une raison pour te montrer blessante envers moi. Ne nous fâchons pas et essayons de prendre les choses du bon côté, nous sommes encore en vie. Et je pense que si nous travaillons ensemble sur ce problème calmement, nous pourrons nous sortir facilement de cette situation.

Mitsuki voulut riposter mais elle fut incapable d’ouvrir la bouche. Les paroles de son ami lui avait fait l’effet d’une claque dans la figure et elle ne pouvait que le regarder avec des yeux ronds comme des balles de tennis. L’optimisme du lézard lui aurait peut-être permis de reprendre son sang-froid mais c’était sans compter sur son poignet qui lui rappelait la douloureuse situation dans laquelle elle était. Elle ferma les yeux, soupira lentement, son corps détendu. Mais quand elle les ouvrit à nouveau, Yosushi prit conscience que son apaisement n’était que de façade.

- Tu vois j’ai fait beaucoup d’effort, dit-elle d’une voix glaçante, ça a été très dur pour me comporter comme il faut. Et qu’est-ce que je récolte ? Un bateau bousillé et un poignet cassé. Mais je suppose que ça n’a plus d’importance maintenant. Mes réserves de magie sont presqu’à sec et j’ai la migraine. Alors excuse-moi mais s’il y a bien un moment où je pourrais piquer une colère, c’est bien maintenant. Et comme je me connais bien sur ce sujet, je vais aller tranquillement me vider la tête en allant parcourir seule l’île, même s’il y a possibilité que quelque chose me tombe dessus. Sommes-nous clair là-dessus ?

Yosushi ne bougea pas d’un cil et se contenta de hocher la tête.

- Bien, répondit Mitsuki avec un sourire carnassier.

D’un coup sec, elle tourna les talons et s’enfonça dans la forêt luxuriante, laissant pantois son ami empoté sur la plage. Bien que le Yoshi s’inquiétait pour elle, ce n’était pas le cas de la magicienne qui savait que l’hybris avait besoin de magie pour prendre le contrôle de son corps.

C’est au bout d’une vingtaine de minutes d’une marche compliquée, dans une flore dense que Mitsuki décida de s’arrêter au pied d’un immense arbre pour reprendre son souffle. En l’observant de plus près elle identifia non pas un mais trois ficus entremêlés pour ne former qu’un unique tronc noueux. Elle s’assit sur une racine surélevée et sortit son étoile de sous son T-shirt. Son sac et sa casquette perdus dans les eaux, elle devait se résolue à se soigner avec ses artefacts, ce qui risquait d’empirer encore un peu plus sa migraine. Mais au point où elle était. Son étoile s’alluma et produisit de fines gouttes rouges qu’elle étala sur sa peau. Prenant son mal en patience, elle réprima ses cris de douleurs tandis que ses articulations, os et ligaments se remettaient peu à peu en place. Lorsque ce fut terminé, elle était recouverte d’une fine couche de sueur et sa fatigue en était devenue insupportable. Elle était piégée dans un cercle vicieux : sa migraine l’énervait et sa colère lui rappelait sa migraine.

Rassemblant le peu d’énergie qui lui restait, elle grimpa avec difficulté à l’arbre. C’était une mesure de précaution ; elle se trouvait dans un environnement inconnu et se reposer au sol reviendrait à devenir la cible des créatures sauvages qui pouvait potentiellement habiter cette île. Une fois au sommet du tronc, là où toutes les ramures commençaient à se disperser pour gagner un maximum de soleil, elle retira sa chemise qu’elle roula en boule afin de s’en faire un oreiller et s’installa le plus confortablement, avec le plus de sécurité possible, dans un creux au contact du bois. Elle s’endormit espérant qu’ils n’existaient pas de prédateurs pouvant grimper aux arbres.

Cette fois-ci le rêve se mélangea avec des souvenirs, Mitsuki le sentait, bien qu’elle n’eût aucune idée d’où et quand elle les avait vécus. Elle reconnut de suite le décor comme étant une des cours intérieures du château familial. L’une des fenêtres-vitraux menant au bureau de son grand-mère était cassée mais aucune trace de verres brisés sur la pelouse. A côté d’elle se trouvait un jeune oiseau humanoïde recouvert d’un plumage noir aux reflets cuivrés et habillé d’un gilet sans manche de la même couleur. Il me regarda avec des yeux proches de la lave en fusion et leva ses bras longs et grossiers. Ses plumes, alors collées, se déployèrent et d’un coup sec lui permirent de décoller vers le ciel. Intriguée par cette apparition, la jeune femme se décida à le suivre de la même manière. C’était son rêve après tout, elle pouvait faire ce qu’elle veut. Mais malgré qu’elle battît des bras, elle restait clouée au sol. Abasourdie elle tenta de sauter mais ses jambes refusaient de bouger. Poussée par une raisonnement onirique, elle chercha ses artefacts pour se sortir de cette situation. C’est à ce moment précis qu’elle s’aperçue avec horreur qu’elle n’avait plus ses pierres. Le gazon s’effaça peu à peu tandis que l’enfant-oiseau continuait son voyage dans les airs. Ne pouvant rien faire, elle tomba dans le néant bien qu’elle sentit des griffes lui transpercer la peau du dos afin de ralentir sa chute.

Mitsuki se réveilla brusquement de sa sieste réparatrice. Un oiseau, apeuré par cette précipitation, s’envola d’une branche du ficus pour s’installer à l’abri sur une branche plus lointaine. La magicienne se redressa, essuya les traces de bave et de salissures qui encrassaient ses joues avant de remettre sa chemise sur ses épaules. Elle leva ses yeux ensommeillés vers le ciel et regarda la position du soleil. D’ici trois heures il sera couché. Il valait mieux retourner sur la plage où se trouvait Yosushi. Cependant, Mitsuki n’avait aucune envie de se confronter à lui pour le moment. Une partie d’elle-même voulait même rester dans cet arbre, elle était bien et c’était plutôt hors de danger. Mais elle savait que cette partie était également celle qui lui demandait de rester au lit le matin. Ecoutant alors sa raison, elle descendit prudemment de l’arbre.

Elle continuait de rebrousser le chemin quand elle leva la tête vers un spectacle qui ne manquait pas d’intérêt. Un oiseau de type exotique s’était perché sur une branche. Il commença à gazouiller joyeusement suivit par quelques compères au loin qui entonnèrent avec lui le même chant. Pour ce qui aurait paru comme un événement banal pour la majorité des gens, ce ne fut pas le cas pour le cerveau de Mitsuki qui fouilla à son insu dans sa lointaine mémoire. Ce qu’il trouva gela sa propriétaire sur place. Depuis quand les oiseaux savent-ils chanter « Les arbres de Penocta ».

Elle n’eut pas le temps de se questionner plus que ça car un cri lointain se fit entendre. Il venait de la plage. Yosushi ! Instinctivement Mitsuki se mit en courir en direction de la plage. Elle espérait qu’il ne lui était arrivé rien de mal et même si c’était le cas, elle s’excuserait pour son comportement de tout à l’heure. Elle courrait toujours quand elle vit soudain l’ombre d’une silhouette la survoler. La jeune femme eut la mauvaise idée de regarder en l’air. Sa chaussure buta contre une racine et elle s’étala de tout son flanc par terre, s’écorchant le menton au passage. Plusieurs ombres lui passèrent à nouveau dessus mais cette fois-là elle entendit des protestations qu’elle trouva incompréhensibles jusqu’à ce qu’elle reconnaisse la voix de Yosushi. Elle fut rapidement suivie par le cri d’un immense rapace. Elle se releva et fit demi-tour afin de suivre les créatures qui s’en était pris à son ami. Elle avait finalement bien fait de faire une sieste. Mais avant qu’elle puisse faire un pas, elle entendit une branche gémir légèrement sous le poids d’un animal. Elle dirigea son regard vers le bruit. L’une des créatures qui avaient attaqué Yosushi avait atterri.

De la taille d’un humain adulte, elle était recouverte de milliers de plumes rabattus qui donnait à l’ensemble une texture similaire à celle d’un charbon de bois. Pas de doute, il était de la même espèce que l’enfant dans son rêve. Son bec semblait être taillé dans de l’obsidienne et ses yeux renvoyaient un regard similaire à du fer chauffé à blanc. Les plumes de ses ailes rétractés laissaient entrevoir à leurs extrémités des doigts noires et squelettiques. Il en était de même pour ses pattes ; on aurait dit qu’elles étaient faites d’os carbonisés. Comme preuve de civilisation, ce dernier portait un gilet sans manche fait de cuir et de fibres végétales. Déstabilisée par cette apparition soudaine, Mitsuki se reprit rapidement. Elle ne se rappelait plus le nom de cette espèce mais elle était sûre que celle-ci existait. Peut-être pouvait-elle entrer en contact en évitant d’en venir aux mains.

- Euh bonjour. Excusez-moi, nous nous sommes échoués sur votre île par mégarde. Nous ne vous voulons aucun mal. Mon ami s’est sans doute mal comporté avec vous, je m’excuse de son attitude envers vous et je vous serai grès de le laisser tranquille. S’il vous plait.

Comme réponse, l’oiseau lui jeta un regard assassin et lui lança une lame de couteau qu’elle évita de peu. Voyant cela voulait dire « non », Mitsuki s’élança à la recherche de Yosushi, entendant par la même occasion que son adversaire avait repris son envol. Sa tranquillité fut de courte durée puisque ce dernier revint à la charge. Il fondit sur elle et tenta de l’agripper à l’aide de ses serres. Mitsuki réussit à ne pas se faire embarquer en plongeant au sol tandis que derrière elle l’oiseau redressa sa trajectoire d’un puissant battement d’ailes. L’inconfort senti à cause de ses artefacts lors de l’impact lui rappela qu’elle pouvait toujours utiliser ses pouvoirs pour se débarrasser du gêneur et ainsi récupérer son ami. Mais la bizarreté de cette situation et celle de son rêve auparavant fit émergé au fond d’elle-même l’envie de ne pas user de sa force physique. Des espaces blancs étaient encore présents dans son esprit et elle avait bien l’intention de les combler. La magicienne tint son étoile dans la main et travailla à rendre son corps le plus léger possible grâce à sa pierre de vent. Prenant soin de rester à ras de terre, elle se déplaça rapidement. Mais elle n’était pas dupe ; même un rapace pouvait prendre un lièvre et celui qui la suivait ne semblait pas vouloir lâcher sa proie. Heureusement le soleil était de son côté.

Voyant l’ombre du prédateur arriver, Mitsuki changea brusquement de tactique. Elle concentra de la puissance magique dans son pied et se projeta dans les airs vers l’oiseau qui amorçait déjà sa chute. La créature fut prise de court, elle tenta sans succès d’échapper à l’impact mais c’était peine perdue ; la jeune femme l’avait attrapé par le gilet. S’en suivit l’un des plus nuls atterrissages connus par les espèces volantes. Ils cassèrent plusieurs branches sur leur passage avant d’être séparé par la dernière ramure, bloquant momentanément la chute de la créature tandis que Mitsuki finissait sa course en poussant un cri quand l’un de ses reins rencontra une racine surélevée. Le fourreau du katana acheva définitivement l’état de son dos. Elle roula péniblement sur le ventre, des larmes de douleurs aux yeux. C’était le pompon pour elle. Le bon côté de tout ça c’était que son adversaire était à peu près dans le même état qu’elle. L’homme-oiseau se releva laborieusement, de la fumée sortait de son flanc. Tout en se tenant le côté droit, il sortit un poignard d’une des poches de sa veste, prêt à tuer. Sous le coup de la panique, Mitsuki se releva trop rapidement et le regretta vite. La douleur dans son dos fut si forte qu’elle lui donna la nausée et voila un instant sa vision. Elle réussit miraculeusement à sortir son sabre de son fourreau avant de tomber inconsciente sur le sol. Elle ne put ainsi voir le visage choqué de son adversaire, les yeux fixés sur la lame de son katana.

Très loin dans le temps, une très jeune Mitsuki jouait dans la cour intérieure du château de son grand-père. Shiro, qui tenait son nom de ses cheveux d’un blanc immaculé, jouait également à l’intérieur mais plus tranquillement que sa cousine. Lorsque le conseiller Toad, Fungi, entra, Mitsuki cessa de taper un mannequin d’entrainement des gardes, plus intéresser cependant par la personne qui l’accompagnait. C’était un enfant qui se trouvait entre l’humain et l’oiseau, il avait un bec et des plumes d’un noir aux reflets cuivrés mais ses ailes n’étaient que des bras au plumage hirsute. Fingu s’éclaircit la gorge :

- Jeune maître Shiro, jeune maitresse Mitsuki. Permettez-moi de vous présenter ce jeune ventrardent du nom de Robin. Son père est venu parler affaire avec sa majesté pendant quelques jours et il a pensé qu’il ferait un excellent compagnon de jeu pour vous deux. Tâchez de faire honneur à votre rang et de lui offrir l’hospitalité qu’il lui est dû.
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Books are the quietest and most constant of friends; they are the most accessible and wisest of counselors, and the most patient of teachers. - Charles William Eliot

Il y a un terme technique pour quelqu’un qui confond les avis d’un personnage d’un livre avec ceux de l’auteur. Ce terme est idiot Stephen Michael Stirling
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koopa troopa
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Re: Volcardent

Message par koopa troopa »

Toujours aussi sympathique, avec l'univers qui s'étoffe de plus en plus. J'attends la suite avec impatience.
"Oui mais quand tu lances un débat politique ici ça tourne au vinaigre en général.
Dénommé Koopa, vous êtes le vinaigre.
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scunindar
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Super, le mystère s'épaissit un peu avec ces nouveaux personnages, très bon chapitre. =De
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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais hormis les personnages venant de l'univers traditionnel de Mario, les noms des autres personnages ont une signification. Amusez-vous à les trouver si vous le pouvez =De

Chapitre 5 : La fille et l’oiseau

Robin se tenait avec timidité devant les deux enfants royaux qui le regardait avec attention. Il n’était pas très confortable à l’idée de discuter avec eux mais son père lui avait demandé de se lier avec les descendants et il ne voulait pas le décevoir. Il garda son attitude renfermée alors qu’ils continuaient à le fixer des yeux, espérant que les enfants humains prennent en premier la parole. Après tout n’était-ce pas l’étiquette ? Les enfants l’appliquaient-ils entre eux ? Heureusement pour lui Shiro répondit à sa question en s’avançant doucement vers lui pour briser la glace.

- Bienvenue au château du roi Kazuki, annonça-t-il d’une voix douce qu’il avait hérité de sa mère. Je suis Shiro. J’espère que nous nous entendrons bien et que nous deviendrons rapidement amis.

- Je l’espère aussi, répondit Robin dans un chuchotement. M-merci de m’accueillir.

Bien que son visage et ses plumes ne montraient rien, Robin rougissait de plus belle. Tout semblait bien commencer finalement. Il se détendit un peu et regarda enfin son interlocuteur dans les yeux. Ses yeux bleus renvoyaient un regard bienveillant qui donna la force au petit oiseau à vouloir continuer la conversation. Mais c’était sans compter sur Mituski qui, dans son incroyable absence de subtilité, décida de participer également à la conversation.

- Waouh alors t’es un ventrardent ! C’est vrai que vous vous baignez dans la lave ? C’est des plumes ou des écailles que t’as ? C’est pas dur de voler avec ? Tu sais te battre ? Moi j’apprends et je suis forte.

Comme réponse Robin recula soudainement d’un pas, les plumes de la tête redressées comme s’il voulait effrayer le prédateur qui se trouvait devant lui. Ce n’est pas qu’il avait peur, il avait seulement été surpris par le côté énergétique de la petite fille qui le regardait à présent avec des étoiles dans les yeux. Pourquoi une enfant voudrait-elle en savoir plus sur la vie banale qu’il vivait ? Et d’où venait cette idée qu’il prenait des bains de lave ? Il se ressaisit et jeta un regard circonspect à la fillette tandis que Shiro émit un rire mielleux.

- Excusez le comportement de ma cousine, dit le garçon aux cheveux blancs. Elle est âgée de sept ans et c’est une vraie boule d’énergie. Dans la famille elle est un peu considérée comme un agent du chaos.

- Même pas vrai d’abord ! Papy dit que j’ai un esprit aventurier qui n’attends qu’à mûrir.

- Oui, il dit souvent ça pour t’éviter de te faire punir comme tu le mérites, même si je sais qu’il ne le fait pas parce que sinon il ne passerait jamais de temps avec toi.

Mitsuki lui tira la langue en signe de protestation et retourna s’occuper de son mannequin. Robin la regarda un moment et il ne vit qu’une enfant taper un pantin pour calmer ses nerfs. Shiro lui apprit plus tard que c’était les gardes qui l’avait amené ici afin que Mitsuki les laisse enfin tranquille. Bien évidement ils n’allaient pas apprendre à une princesse de son âge à se battre mais l’oiseau se demandait si, à cause de son rang, elle n’aurait jamais l’occasion de se battre. Qu’il soit garçon ou fille, les ventrardents recevaient une éducation impliquant l’apprentissage d’un métier et du combat. Les enfants devenaient eux-mêmes les apprentis de leurs parents, ce qui empêchait la fuite et la perte des techniques familiales. Il arrivait qu’il ait des exceptions mais elles restaient très rares. Dans le cas de Robin, il s’agissait de devenir forgeron comme son père. Peut-être pourra-t-il montrer ses talents à ses nouveaux camarades si on l’autorise à utiliser la forge du château.

Il discuta un moment avec Shiro, enfin ce fut plus le garçon qui fit la conversation que Robin qui se contentait de répondre quand il le fallait. Bientôt il fût l’heure pour les deux enfants royaux de partir pour leurs cours de l’après-midi. Le garçon blond lui souhaita une bonne après-midi et suivit un Toad en blouse noir. Sa cousine, en revanche, s’en alla en trainant des pieds mais lui lança néanmoins un joli sourire.
N’étant pas obligé de participer aux études, Robin rejoignit ensuite son père dans la forge où celui-ci était en train de mettre au point des croquis d’armes blanches. Des outils étaient disposés sur le plan de travail, le charbon chauffait rouge vif dans la cheminée, l’enclume prête à être frappé.

- Ah te voilà fiston, dit son père sur un ton bourru. Traine pas et fait moi un couteau.

Robin boucla sa ceinture porte-outils et se mit au travail sans protester. Malgré le caractère dur de son père, l’enfant savait qu’il était considéré comme le meilleur forgeron du royaume et que beaucoup auraient vendu père et mère pour pouvoir travailler avec lui. Pas de chance pour eux, il était marié et avait un enfant pour le succéder et Robin devait tout faire pour que les techniques familiales ne se perdent pas. Il plongea un morceau plat de fer dans le feu, laissant l’extrémité dépasser de la pile ardente de charbon. A peine l’embout rougit, il le sortit et le posa sur l’enclume où il commença à le frapper avec son marteau. La lame prit peu à peu la forme qu’il souhaitait mais il savait qu’on n’obtenait pas le parfait couteau dès la première session. Il trempa l’esquisse d’une lame dans la barrique d’eau qui se trouvait à côté de l’enclume. Le métal chaud siffla au contact de l’eau puis, une fois refroidit, l’oiseau le sortit du tonneau. Le résultat était grossier et il remarqua vite que son père ne lui avait pas donner cette galette de fer par hasard ; elle contenait des impuretés. Il s’attendait donc que son fils les remarque et qu’il affine le fer afin de le nettoyer. Ce dernier souleva un lourd chaudron qu’il pendit à une crémaillère et jeta son morceau de fer à l’intérieur. Il décala ensuite la barre de sorte que le cul de la marmite soit suspendu au-dessus du foyer incandescent. Puis il appuya plusieurs fois sur le soufflet afin de faire partir d’énormes flammes de la cheminée. Il ne lui restait plus qu’à attendre que le métal fonde.

- Hey monsieur, c’est une épée ça ?

Occupé à observer attentivement les gestes de son fils, le forgeron n’avait pas remarqué le nouvel occupant de la forge que Robin reconnut comme étant la princesse Mitsuki. Elle s’était assise sur une chaise et s’était approprié l’un des croquis que son père qu’elle montrait d’un air innocent à son propriétaire. Par reflexe, les plumes vert bouteille de l’adulte se dressèrent et ses traits se durcirent comme si on l’avait insulté mais elles se rabaissèrent vite en comprenant qu’il avait affaire à une débutante en la matière. Ses traits s’adoucirent autant qu’il en était capable.

- Non c’est ce qu’on appelle un katana, répondit le ventrardent. Une arme qui associe solidité et légèreté. Robin ! T’attends l’hiver pour sortir ton fer ?

- Pardon papa, s’excusa l’enfant prit de court par son père.

Robin prépara le gabarit de forme rectangulaire où il devait faire couler sa soupe métallique et dégagea le chaudron du feu. Il tenta de décrocher la marmite mais ne réussit qu’à la déposer sur le rebord de la cheminée. N’ayant pas encore la force et la résistance de soulever un chaudron brûlant, son père coula la fonte à sa place dans le gabarit qu’il a pris soin de refroidir au préalable. Non seulement le liquide était nettoyé de ses impuretés mais il bénéficierait également d’une excellente résistance à l’usure. Pendant ce temps, Mitsuki les regardait avec admiration prendre la marmite à mains nues comme si la chaleur les laissait indifférent. Une fois le travail terminé Robin se tourna vers elle, visiblement gêné par sa présence dans la forge.

- Vous ne devriez pas être en cours princesse, demanda-t-il sur un ton qui se voulait blessant.

- Robin ! le réprimanda son père.

- C’est pas grave monsieur, répondit Mitsuki. Si, j’ai cours mais c’est ennuyeux alors je suis partie. Enoki va surement me gronder mais je m’en fiche. Ce que vous faites c’est beaucoup plus amusant et beaucoup plus intéressant.

- Intéressant !? s’exclama Robin incrédule.

- Tu me crois pas ?

- Bah les princesses c’est censé faire des trucs de princesse. J’crois pas que ça s’intéresse à des choses comme la forge.

- Pourquoi ?

- Parce que la forge c’est pas pour les princesses et t’es une princesse.

- Non j’suis pas une princesse !

- Ton grand-père est roi, t’es une princesse.

- J’suis pas une princesse. Je suis une future gardienne.

- Ça veut dire quoi ?

- Ça veut dire que quand je serais grande, j’aurais les pouvoirs magiques de mon grand-père. Je ferais pas des trucs de princesses. Je voyagerais dans tout le royaume champignon pour aider les gens.

Robin resta abasourdi autant par la réponse de la fillette que par le regard de défi qu’elle lui lançait. Elle croyait vraiment à ce qu’elle disait et ça déstabilisa quelque peu le petit oiseau. Cependant il se refusait de perdre la face devant elle.

- J’vois pas le rapport entre être gardienne comme tu dis et le métier de forgeron, nota Robin.

- Bah connaitre les armes c’est important pour une gardienne, non ? Oh, et si tu m’apprenais comment on fait une épée.

- Tu veux dire…être mon apprentie ?

- Ouais !

Robin la regardait avec incrédulité. Elle avait un sourire déterminé sur son visage et pourtant elle était inconsciente de ce qu’elle venait de demander au petit oiseau. Ce n’est pas bien et il le savait. Il était encore un apprenti lui-même et les apprentis n’ont pas le droit d’enseigner, ça c’était le rôle du maitre. Et même s’il devait réussir sa maitrise, il resterait un ouvrier au service de son père tant que ce dernier sera en vie. Mais ce n’était pas là son plus gros dilemme. Si elle lui ordonnait de lui apprendre le métier de forgeron, devra-t-il obéir à ce membre de la famille royale ou suivre les traditions de son peuple ? Heureusement son père vint à sa rescousse.

- Navré de vous décevoir princesse mais mon fils n’a pas le droit de vous enseigner quoi que ce soit et avant de vouloir protester je crois que votre grand-père est très à cheval sur le respect des normes qui régissent notre corps de métier.

- Euh, si fait.

- Ce que je veux dire c’est que Rob est un apprenti et qu’il ne peut pas vous apprendre le métier. En revanche je serais ravi de vous montrer quelques techniques.

- C’est vrai ? Oh merci monsieur !

Robin soupira avec soulagement. Au fond de lui, il était impressionné par l’attitude de son père qui, malgré le caractère sévère qu’il lui connaissait, a su gérer la situation calmement et à la perfection. L’après-midi put alors continuer sans souci particulier et fut rythmé par les questions que posait Mitsuki de temps en temps.

Quand sonna cinq coups de cloches, la petite fille s’en alla en remerciant chaleureusement le père et le fils d’avoir pu passer un excellent moment en leur compagnie. Comme tous les soirs, elle devait dès à présent se rendre au bureau de son grand-père pour un cours de magie qu’elle ne manquerait pour rien au monde. En chemin elle vit la silhouette de son cousin et se cacha rapidement, sachant pertinemment qu’il était suivi d’Enoki, le Toad précepteur chargé de l’éducation des enfants royaux, et que ce dernier n’hésiterait pas à lui faire la morale s’il lui mettait la main dessus. Elle sortit de sa cachette peu de temps après et se dirigea vers le bureau du roi. Une fois arrivée devant, elle entra.

Le roi Kazuki était assis à son bureau et plongeait sa cuillère dans un bol à la texture rouge et blanche dont Mitsuki reconnue à l’odeur comme étant de la soupe aux champignons rouges. C’était censé lui redonner la santé mais elle voyait bien qu’il restait exténué et très pâle quand la tombée de la nuit approchait. Son ventre grogna à la vision de cet encas mais elle savait qu’elle devait attendre le diner avant de pouvoir manger un morceau. Peut-être que ce sera du poisson ce soir. Elle adorait le poisson. Kazuki avala sa dernière cuillère et finit par lever les yeux vers sa petite fille qui patientait sagement en attendant qu’il ait terminé son repas. Elle lui montra un sourire timide, attendant qu’il lui donne le feu vert. Il étira sa vieille carcasse et se gratta paresseusement sa barbe blanche tout en regardant Mitsuki d’un œil animé d’une énergie nouvelle.

- Et bien petite tête approche, fit-il en lui faisant signe d’avancer. Comment était ta journée ?

- Bien, répondit-elle alors que son grand-père reculait sa chaise de son bureau. Et la tienne ?

- On fait aller mais ne parlons pas de ça maintenant.

Il se tapota la jambe pour lui faire signe de monter sur ses genoux, ce que Mitsuki fit avec précipitation l’obligeant à réprimer un grognement lorsqu’elle lui sauta dessus. Elle lui lança un regard désolé tandis qu’il lui répondait que c’était pardonné. D’un geste de la main il ouvrit le tiroir de son bureau pour en sortir une pierre tout à fait banale.

- Comment ça se passe avec le petit Robin ?

- Il est gentil mais il parle que quand il parle de forge. C’est bizarre.

- Certaines personnes sont comme ça, ils sont inconfortables à l’idée de parler avec des gens.

- C’est pour ça qu’on a plus joué que parlé.

- Haha ça je n’en doute pas. Allez petite tête commençons.

Il mit la pierre dans la main de Mitsuki et mit la sienne sous celle de sa petite fille. Cette dernière rigola en sentant les chatouillis lui parcourir le bras alors que le roi était en train de faire circuler la magie. Il n’était pas encore question de savoir la contrôler, il fallait juste l’habituer à cette présence et à la supporter, sans quoi elle courrait de très gros risques plus tard. Comme avec son fils, Kazuki avait pris un soin extrême à connaitre l’élément qu’elle manipulait le mieux et ainsi l’entraîner en toute sécurité. Son fils Daiki manipulait la terre et l’eau. Pour le moment Mitsuki ne manifestait que celui de l’air mais il était certain que, comme son père, elle contrôlerait un élément de plus avant sa majorité. Il se rendit compte soudain que la pierre n’avait pas bougé d’un pouce.

- Qu’est-ce qui se passe petite tête ?

- Papy, quand je serais grande, tu crois que je serais aussi forte que toi ?

- Seulement si tu travailles beaucoup et que tu t’appliques à apprendre tes leçons. Par ailleurs, Enoki m’a parlé de tes « absences » en classe.

- J’aime pas la théorie ! Et pis tu dis souvent que la magie ça vient du cœur. J’ai pas compris pourquoi les leçons d’Enoki sont importantes.

- Certes mais elles te seront nécessaire si tu veux un jour créer tes propres sortilèges et objets magiques.

- Alors la magie c’est pas que de la chance et de l’impro ?

- Bien au contraire ! La magie est un art qui se construit et se développe tout au long de la vie de son utilisateur. Elle demande un long travail de compréhension et de pratique avant d’être dompté entièrement.

- Si ça marche comme ça, je pourrais pas être avec papa et maman.

Mitsuki faisait la moue en comprenant que ça nécessitait beaucoup de travail. Kazuki comprenait à présent le manque d’application de sa petite fille. Les personnalités de Daiki et sa femme étaient si complémentaires que l’on pouvait facilement parler de binôme parfait. De ce fait ils partaient tous les deux en missions qui s’étendaient sur plusieurs semaines, laissant alors Mitsuki seule au château car il était trop dangereux pour elle de partir à l’aventure avec ses parents. Daiki s’était montré pragmatique sur le sujet, en revanche il avait souvent entendu la mère de Mitsuki, Miuna, dire à sa belle-mère, Tsugumi, que cela l’attristait de ne pas passer plus de temps avec son enfant. La situation accablait Kazuki et il comprenait que le caractère impulsif de la petite fille venait en partie de cette situation, mais il ne pouvait faire autrement ; il était vieux et fatigué et il avait besoin du travail de ses deux-là afin de préserver un maximum la paix à l’intérieur du royaume. Tout ce qu’il pouvait faire pour le moment c’était remonter le moral de sa petite fille.

- Ne dis pas des choses pareils Mitsuki. Tes parents ne sont peut-être pas au château, mais cela ne les empêche pas de t’aimer profondément. Ils ont juste très peur que tu sois blessé ou que tu tombes malade si tu venais avec eux. Quand tu es venue au monde, ton papa et ta maman étaient si paniqués qu’il a fallu toutes les paroles rassurantes possibles de ta tante et de ta grand-mère pour les calmer. Et si c’est parce que tu as peur de ne pas être assez forte pour aller à l’aventure avec tes parents, tu te trompes. Tu disposes d’une bonne maitrise et si tu travailles dessus, avec moi, tous les jours, tu pourras rapidement partir avec ta maman et ton papa à l’aventure. Je crois beaucoup en toi petite tête.

- Mmmh, émit Mitsuki peu convaincue par les paroles du vieillard.

- Tu vois ceci Mitsuki, dit son grand-père en montrant les trois pierres qui ornaient son collier. Ceci sera à toi lorsque tu seras grande. Il t’appartiendra lorsque ton père et moi nous ne serons plus là.

- Alors ça sera dans très, très longtemps papy, parce que papa et toi vous allez vivre pendant encore beaucoup, beaucoup d’années.

- Oui c’est vrai, rit-il devant la candeur de sa petite fille. Mais n’oublie jamais que ce genre d’objets demandent beaucoup de responsabilités et de maturité.

- T’inquiète papy, je deviendrais une magicienne mature et responsable.

- Ça je demande à voir. Bon et si nous reprenions notre travail. Il ne serait pas raisonnable que tu prennes du retard.

- Ah ça non !

- Aller, concentre-toi et fait moi voler cette pierre.

- Shin !

A la grande surprise de nos deux compères, la pierre partit comme une balle de la main de la petite. Cette dernière ricocha plusieurs fois avant de terminer sa course dans l’un des carreaux de la pièce qui explosa en mille morceaux sous la force de l’impact. Sans faire exprès, Mitsuki venait de trouver la source de la magie et avait puiser dans celle de son grand-père à la grande stupeur mais à la grande fierté de celui-ci. Mitsuki, elle, cependant n’était pas de cet avis.

- Oups, ne put-elle que dire devant ce résultat.

- Oui oups.
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lucas rosa
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Re: Volcardent

Message par lucas rosa »

j attend avec impatience la suite :!: cette fan fic est géniale :!: je suis sure que e n aurait pas pu fire mieux :rire:
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scunindar
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Bigre, j'ai mis un peu de temps à le lire celui-là :a:
Toujours aussi bon, vivement le prochain chapitre qui je crois arrive bientôt Image
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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Hé bah t'attendras pas longtemps, parce que le voilà !

Je tiens tout particulièrement à remercier l'anatomie comparée pour m'avoir offert une représentation anatomique de ce que je me faisais d'un ventrardent.
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Et comme il y aura du vocabulaire de forgeron, je vous met cette image pour vous aider
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Chapitre 6 : La fin de l’innocence

Alors que le soleil se couchait tôt en suivant le cycle hivernal, la petite Mitsuki, âgée à présent de 9 ans, marchait joyeusement dans le couloir qui allait vers le bureau de son grand-père. Elle avait passé, une nouvelle fois encore, un bon après-midi avec Robin. Son père devenu le forgeron royal, ils s’étaient installés définitivement au château, à la plus grande joie des deux enfants qui passaient la quasi-totalité de leur temps libre ensemble. Ils étaient devenus tellement complices qu’ils ne se voyaient pas l’un sans l’autre, ce qui soulageait le poids que portait Mitsuki sur ses épaules, causé par l’absence de ses parents. A présent elle fredonnait gaiement une chanson que les gardes braillaient lorsqu’ils abusaient de bière au miel.

- Je suis le grand serpent, le grand serpent de la montagne, et je suis malheureux car j'ai perdu ma queue. Toi mon ami ne veux-tu pas, ne veux-tu pas oui toi aussi faire un p'tit bout ma queue, un tout p'tit bout l'a queue...

- Nous devons faire quelque chose à ce sujet sir.

Mitsuki s’arrêta au pied de la porte fermée du bureau de son grand-père. Apparemment il était en grande conversation avec l’un de ses conseillers.

- Nous pourrions leur proposer de devenir les gardiens d’une des pierres, proposa celui-ci. Pourquoi pas celle du vent ?

- Non, la pierre de vent ira aux sphinx du désert Birabuto, répondit le roi. Il est temps pour eux de pouvoir contrôler ses maudites tempêtes de sable qui engloutissent tout sur leur passage. Il faut trouver autre chose. Penocta est corrompu par les ténèbres et pourtant ses habitants ne reculent pas devant une demande de leur roi.

- Qui aurait cru que le mage noir aurait stocké autant de sorcellerie à cet endroit.

- C’est pour cette raison que nous devons faire quelque chose pour ces braves gens. Leurs mines sont inexploitables et ils vivent majoritairement de ces ressources. S’ils n’ont pas ces ressources, nous risquons de faire face à une crise considérable.

- Que devrions nous faire votre majesté ?

- Ça me désole de devoir le dire mais nous sommes contraints de déplacer cette population vers un endroit plus adapté. Vous souvenez vous des explorateurs que nous avons envoyé afin de connaitre un peu mieux ce monde ?

- Parfaitement sir. Nous avons découvert tout un archipel d’îles volcaniques, vierges de toute civilisation. La principale m’a fait d’ailleurs penser à un dauphin.

- Et justement ces espaces volcaniques seront un bénéfice pour eux. Pour faire leur métal, les ventrardents doivent supporter des chaleurs extrêmes afin de leur donner la consistance qu’ils souhaitent. Ce sont d’excellents artisans et forgerons. Je pensais à leurs offrir cet archipel.

- Mon roi vous n’y pensez pas ! Cet archipel nous est totalement inconnu. Nous ne pouvons envoyer nos citoyens là-bas sans être certain qu’il soit habitable.

- Croyez-vous que je n’y ai pas pensé !? C’est pour cet raison que le déplacement doit se faire avec prudence et lenteur. Commençons d’abord par installer un port et nous aviserons ensuite. Leur chef, Cathartes, est prêt à accepter des mesures exceptionnelles. Je suis sûr qu’il écoutera cette proposition.

- Si telle est votre volonté votre majesté.

Les deux interlocuteurs se turent un moment. Emportée par son envie d’en savoir plus, la petite rapprocha son oreille de la porte afin d’en entendre davantage.

- Votre majesté, puis-je entretenir de quelque chose en tant que représentant attitré des employés de ce château.

- Faites mon cher ami.

- Eh bien Enoki s’est plusieurs fois plaint du manque de respect de la princesse Mitsuki à son égard ou du moins envers son métier. Il peste sur son manque d’entrain aux études et à ses absences à répétition.

- Je croyais que cette affaire était réglée, soupira de frustration le roi.

- Hélas, mon roi, elle ne l’est pas. Bien qu’elle ait fais des efforts depuis qu’Oriole et son fils sont ici, elle fait toujours preuve d’un manque frappant de motivation et continu à sécher quelques fois les cours. D’après Enoki, son niveau linguistique relève du miracle compte tenu du fait qu’elle passe la majorité des cours à rêvasser. Oh je ne dis pas qu’elle va jusqu’à répondre à son précepteur mais je crois, mon roi, que vous allez devoir désamorcer la situation avant qu’elle n’empire. Surtout si vous comptez mettre en place ce que vous avez prévu.

- Je vois. Merci pour cette information Fungis, je traiterais de cette question avec Mitsuki lorsqu’elle arrivera à mon bureau. Elle ne devrait plus tarder.

- Très bien votre majesté. Hum, puisque la princesse n’est pas encore arrivée, il y a encore une chose que j’ai à vous dire.

- Allez-y.

- Elle et le fils d’Oriole sont devenus très proches. Il va être difficile de les séparer.

Le cœur de Mitsuki manqua un battement en étendant cette phrase. Les séparer ? Pour ils feraient ça ? Robin était son meilleur ami, ils n’avaient pas le droit de lui faire ça ! Toutefois la suite risquait de la surprendre encore plus.

- Ce n’est pas comme si c’était un problème impossible à résoudre, répliqua Kazuki. Elle se fera d’autres amis. Cette crise sera passagère. Ça s’estompera avec le temps.

Jamais elle n’avait entendu des propos pareils sortir de la bouche de son grand-père et elle mentirait si elle disait qu’elle n’avait pas été blesser par ce qu’elle venait d’écouter. La poitrine serrée et la gorge crispé, elle partit vers sa chambre tout en tentant de ravaler sans succès ses larmes. Elle refusa de la quitter pour diner, trop malade pour avaler quoi que ce soit. Roulée en boule sous sa couette, elle pleura de tout son soûl jusqu’à s’endormir d’épuisement. Lorsqu’elle se réveilla, il faisait nuit et le feu dans la cheminée était éteint, laissant la pièce froide et inhospitalière. Elle s’apprêtait à se rendormir quand soudain un bruit se fit entendre ; quelqu’un frappait à sa fenêtre.

Interloquée par ce son peu banal, puisqu’étant dans une chambre située dans une des tours du château, elle sortit de sous ses couvertures pour découvrir de quoi il s’agissait. En s’approchant plus près de la fenêtre, elle aperçue le visage de Robin derrière la vitre. Celui-ci tapa cette dernière avec son bec avant de se rattraper à son rebord. Le voyant en difficulté, Mitsuki se précipita pour ouvrir la fenêtre et l’aida à entrer à l’intérieur.

- Comment tu as fait pour grimper aussi haut, demanda la jeune fille impressionnée par l’acte de son ami.

- Je n’ai pas grimpé, j’ai volé, lui souffla Robin tout essoufflé qu’il était par ce qu’il venait de faire. Dis donc il fait froid ici. Ça te dérange si je fais du feu ?

Mitsuki lui répondit non de la tête et il se dirigea vers la cheminée où il commença par nettoyer le foyer avant de remettre des bouts de bois dans l’âtre. Il déposa ensuite les morceaux de charbon qui restaient de la précédente flambée avant de sortir un silex et un fragment d’acier de sa poche de pantalon. Une fois le feu allumé, il se tourna vers la jeune qui s’était enroulée dans une couverture.

- Comme tu n’es pas venue après le diner comme d’habitude, je voulais juste savoir si tu allais bien, dit l’oiseau.

- Alors pourquoi tu n’as pas utilisé les escaliers comme tout le monde ?

- Les gardes ont commencé leur patrouille. S’ils m’avaient vu venir te voir, ça aurait jaser dans tout le château.

- C'est déjà le cas.

Voyant son regard interrogateur, elle lui raconta la discussion qu'elle avait entendu entre son grand-père et un de ses conseillers. Les plumes de Robin se dressèrent sur sa tête, montrant ainsi son mécontentement.

- C'est du grand n'importe quoi, s'exclama-t-il. Ils n’ont pas le droit de te faire ça juste parce que tu as des problèmes en cours. Et pis c’est pas comme si tu n’apprenais rien à la forge.

- Peut-être qu’ils ne trouvent pas ça convenable pour une princesse.

- Justement, t’es pas une princesse. T’es une gardienne et les gardiennes ça fait pas des trucs de princesses. C’est proche des gens et ça possède un paquet de connaissances qu’on apprend pas en cours.

- C’est vrai mais c’est pas ça qui m’inquiète. Pourquoi veulent-ils nous séparer ? Qu’est-ce qu’on a fait de mal ?

- Peut-être qu’ils ont peur qu’une princesse tombe amoureuse d’un roturier.

- Pfff, n’importe quoi ! Comment on peut être des amoureux alors qu’on est les meilleurs amis du monde.

Ils rirent de bon cœur mais pas trop fort pour éviter d’attirer l’attention des gardes qui patrouillaient. Ils entreprirent à se pousser gentiment et à lutter l’un contre l’autre pour s’amuser jusqu’à ce qu’ils tombent, essoufflés, sur le matelas de la princesse. C’est alors que Mitsuki se décida à ouvrir son cœur :

- J’ai peur Robin. J’ai peur de ce que l’avenir nous réserve.

- Ne t’inquiète pas. Je te protégerais quoi qu’il arrive.

Sur ces paroles, la petite fille déposa un baiser sur sa joue de son ami à plumes. Le petit sentit ses écailles frémirent à ce contact. Ils installèrent ensuite leurs paillasses au sol et, enroulés chaudement dans des couvertures douces, les deux enfants s’endormirent en écoutant le craquement d’un feu de bois allumé dans la cheminée.

L’été suivant, Mitsuki entra dans sa dixième année et tout aurait été merveilleux si une nouvelle malheureuse n’était pas venue faire dérailler son train de vie paisible. Cette dernière, d’ailleurs, était en train de pourrir son pique-nique avec Robin au bord du lac. Elle restait assise et silencieuse, obligeant le petit oiseau à engager cette conversation qu’aucun d’eux n’auraient aimé voir le jour.

- Tu t’en vas dans quelques jours, fit Robin.

- Oui, affirma simplement Mitsuki.

- Et tu sais si tu reviendras ?

- Je ne sais pas. Papa et grand-père gardent ça très secret. S’ils en parlent, c’est jamais devant moi.

- On n’est même pas sûr de se revoir. C’est horrible.

- Si c’est pour la sauvegarde du royaume alors je suis obligée de faire ce sacrifice. Mais même en sachant cela, tu vas terriblement me manquer Robin.

- Toi aussi Mitsuki, tu vas me manquer.

Ils se tinrent la main et se penchèrent l’un vers l’autre tendrement, profitant de leurs derniers instants ensemble. Robin ne voulait pas qu’elle parte. Il était encore jeune mais il savait que ses sentiments envers elle se seraient transformés en amour dès leur enfance terminée. Il voulait qu’elle reste ici avec lui et qu’elle partage sa vie, mais le destin en avait décidé autrement et, bien qu’irrévocable, cela ne l’empêchera pas de lui offrir son dernier cadeau au moment venu.

Bien qu’étant encore jeune, il tentait désespérément de fabriquer une œuvre afin de l’offrir à Mitsuki. Une œuvre unique à la hauteur de sa future propriétaire. Mais malgré toute sa bonne volonté, il n’arrivait pas à obtenir la perfection. Le pommeau était trop long, la lame était trop courte, …Tous ses soucis du détail qui l’amenait le soir à refondre le métal, réduisant alors ses efforts de la journée à néant. Et avant qu’il ait eu le temps de souffler, vint la veille du départ de Mitsuki. Cette nuit-là il travailla sans relâche, la forge ronflait dans l’obscurité et les gardes de nuit jurèrent avoir entendu le marteau marteler continuellement l’enclume. A l’aube, Oriole entra dans la forge et aperçu son fils endormi à sa table de travail. Sur celle-ci trainait une dague d’aspect assez simple. Prenant l’arme dans ses mains, le maitre forgeron en restait néanmoins bouche bée.

Jamais le métal travaillé par son fils n'avait été aussi propre. De nature équilibré, la dague était composée d’une lame lisse comportant une fine gouttière qui servait plus de décoration qu’autre chose. Sa garde était légèrement retroussée vers la partie métallique afin d’éviter que sa propriétaire ne perde ses doigts lors d’un combat. Deux lanières de cuivre noir avaient été croisées de multiples fois jusqu’à couvrir entièrement la poignée de la dague qui se terminait par un pommeau triangulaire aux bords arrondis. Il s’intéressa ensuite de plus près au fourreau de couleur bleu nuit. Des ondulations étaient gravés sur la chappe d’une blancheur métallique pour symboliser le premier élément qu’elle avait maitrisé. Enfin pour finir, l’oiseau charbonneux avait étrangement décidé de rester dans la simplicité en ajoutant un banal morceau de métal en fin de fourreau.

Il avait terminé. Sa première œuvre. Il avait créé la lame parfaite pour Mitsuki. Son père ne pouvait pas être plus fier. C’était un bel ouvrage pour une première fois et cela annonçait des travaux futurs d’une exceptionnelle qualité. Hélas, s’il voulait réveiller son fils afin de le prendre fort dans ses bras, il serait contraint de lui annoncer que le roi avait menti à sa petite fille et qu’elle était partie la nuit précédente avec son père et sa mère. Il décida d’attendre son réveil, tiraillé entre joie et peine pour son fils.


Lorsque Mitsuki ouvrit les yeux, elle flottait encore dans un épais brouillard et n’arrivait pas à produire des pensées cohérentes. Tout ce dont elle se rappelait, c’est d’avoir rêvé d’oiseaux anthropomorphes et un peu de sa famille et encore, de quoi précisément ? Elle n’aurait su le dire. Ses yeux remarquèrent la faible luminosité de la pièce dans laquelle elle se trouvait et elle ne comprit qu’en retard qu’elle était dans un habitat. Sa bouche, bien que sèche, avait le goût de rêves brisés. Soudain, elle vit une ombre bougée du coin de l’œil. Celle-ci s’approcha et tendit ses doigts osseux afin de lui débarrasser des quelques cheveux restés collés sur son front et y déposa un tissu froid et humide. La jeune femme frissonna et dirigea son regard vers cette personne. Elle n’en crut pas ses yeux. Cela devait être une erreur. La fièvre la faisait surement délirer. Devant ses yeux se trouvait un personnage au plumage sombre et au regard de braises, caractéristique des ventrardents.

- Robin, murmura-t-elle un peu faible. Qu’est-ce qui se passe ?

- Vous avez fait une mauvaise chute et maintenant vous avez de la fièvre, lui expliqua l’oiseau d’une voix féminine que Mitsuki ne releva pas. Vous devez rester allongée et vous reposer.

Sans le comprendre, la femelle oiseau vit la jeune femme fondre en larmes. Elle ne pouvait savoir que sa présence rappellerait de douloureux souvenirs à sa patiente.

- C’est ma faute, gémit Mitsuki. Pardon Robin. Je suis partie sans te dire au revoir. Je suis tellement désolée. Pardon.

Elle pleura jusqu’à ce qu’elle n’en ait plus la force. Puis, trop fatiguée pour continuer et s’expliquer, la jeune femme sombra dans un profond mais agité sommeil.
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Re: Volcardent

Message par koopa troopa »

Toujours aussi bon, j'attends la suite.
"Oui mais quand tu lances un débat politique ici ça tourne au vinaigre en général.
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

En effet très bon chapitre, j'espère que l'inspiration est à son meilleur pour la suite =De
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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Pardon pour le retard, le prochain devrait normalement prendre moins de temps à écrire. Normalement... Bref ! Voilà un chapitre avec beaucoup de blabla et des explications. Enjoy !

Chapitre 7 : Ce qui renvient de droit

Lorsque Mitsuki s’éveilla à nouveau, elle sentie que le plus gros de la fièvre était passé. Ses pensées étaient plus cohérentes et elle n’avait plus la sensation de baigner dans une marre de marshmallows. Profitant de ce moment de calme, elle en profita pour regarder autour d’elle. Elle était sur ce qui semblait être une mezzanine, le toit était composé de feuilles de palmiers tressées et les murs en bois de cocotiers. Un petit feu devait crépiter au loin car elle pouvait sentir de la tisane bouillir dans une marmite. Elle entendit quelque chose gratter près de son oreille. La jeune femme tourna la tête précipitamment et en découvrit l’instigateur ; c’était un coléoptère. Elle fronça les sourcils. Elle détestait les coléoptères et les insectes à griffes en général. Non pas que leur physique lui déplaisait mais ils étaient d’une telle nuisance nocturne qu’elle préférait la présence d’araignées à la leur. Au moins elles avaient le mérite d’être des voisines de chambres silencieuses qui rendaient également service en la débarrassant des potentiels perturbateurs invertébrés. Le seul point négatif lorsqu’on côtoie ce genre d’arachnides, c’est qu’on est jamais à l’abri d’une morsure si vous venez à les déranger lorsqu’elles font leurs toiles. En plus, elles ne respectent pas le principe d’espace individuel. C’était bien là un partenaire qui restait agréable tant que ses filets de viandes restaient garnis.

Elle approcha sa main pour retirer l’insecte quand ce dernier, sentant le dérangement approcher, décida de passer à l’action. Il la mordit à l’aide de ses mandibules. Mitsuki cria et lorsqu’elle voulut s’éloigner, tomba à la renverse de son lit, se cognant la tête par la même occasion. Elle grogna un juron tout en se mettant assis.

- On ne vous a jamais appris la politesse à vous les métropolitains, fit une voix venant de vers le bas.

Mitsuki regarda l’orateur abasourdit ; un ventrardent ! Un ventrardent au buste zébré et à la crète huppé la regardait du haut d’une échelle ! Elle n’en croyait pas ses yeux. Depuis qu’elle était revenue dans cet univers, jamais elle n’avait croisé un ventrardent. Ce dernier la regardait avec curiosité avec les mêmes grands yeux que Robin.

- Vous parlez l’ancien langage, bredouilla la jeune fille.

- Evidement que nous le parlons. Tous les habitants d’ici le parlent, contrairement au langage commun. Ce qui est, en métropole, l’inverse d’après ce que j’ai entendu ?

- En effet, ceux qui parlent l’ancien peuvent se compter sur les doigts des deux mains.

- Cela pourrait expliquer pourquoi vos contemporains nous considèrent comme des personnes peu civilisées.

A ce moment-là, Mitsuki sortit de sa confusion : l’île était habitée. Comment avait-elle pu laisser passer cette hypothèse ? Bien sûr il y avait des circonstances atténuantes, elle s’était retrouvée dans des situations qui l’excusaient mais elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver des remords à ne pas y avoir pensé.

- A-attendez, bafouilla la jeune femme. Vous avez dit ‘habitants’ ?

- Bien entendu. Nos patrouilleurs vous l’ont bien prouvé.

Mitsuki ne répondit pas, sa tête lui rappelant qu’elle était encore en convalescence.

- Vous sentez vous de taille à vous lever, demanda l’oiseau ayant fini de monter l’échelle.

- On va voir ça…

Rassemblant ses forces, la jeune fille se leva lentement afin d’éviter les vertiges. Pas de bol, son corps en avait décidé autrement. Elle chancela légèrement alors que ce dernier lui faisait payer les repas qu’elle avait manqué. Le ventrardent, qui était une femelle, gardait un œil attentif sur sa patiente. Il valait mieux qu’elle se nourrisse avant la séance, sinon elle risquerait de s’évanouir au moment où il faudra donner des explications.

- Une fois que vous vous serez restaurée, je dois vous emmener auprès du chef. Il a quelques questions à vous poser. Au fait, je m’appelle Aviceda.

- Mitsuki.

- Ravie de faire votre connaissance Mitsuki. Venez, la soupe de poisson est encore chaude et la tisane est presque prête.

Mitzuki s’installa à la table de son hôte et mangea la soupe chaude qu’elle lui présenta dans un bol. Elle était contente que Toady ne l’ait pas entendu car jamais elle n’avait mangé de velouté aussi délicieux. Le poisson fondait littéralement dans la bouche. Elle se trouva ragaillardie dès les premières cuillères. Elle profita également de son repas pour regarder autour d’elle et rassembler les éléments qui étaient en sa possession. Premièrement il y avait des habitants sur l’île, ce qui signifiait que ce n’était pas des esprits frappeurs qui ont fait le coup. De plus, le maire lui avait dit qu’elle n’appartenait à personne. Le savait-il depuis le début ? Connaissant comment Delfino fonctionnait, ce n’était pas impossible. Autre détail mais qui avait de l’importance ; son hybris dormait profondément. Au moins il ne viendra pas l’emmieller durant les discussions à venir. Tient, en parlant de compagnon de route, où était Yosushi ? Et surtout, le plus important ; où est le katana !?

Sentant la panique monter à cause de sa propre vulnérabilité, elle se ressaisit avant que l’hybris ne remarque quoique ce soit. En même temps, elle ne devait pas s’attendre à le retrouver près d’elle une fois réveillée ; elle avait attaqué un des leurs. C’était déjà gentil de leur part de l’avoir soigné malgré ce qu’elle avait fait. Elle va devoir s’y prendre avec des pincettes si elle comptait le récupérer. Pour l’instant elle reprenait des forces en se remplissant l’estomac.

Une fois terminée, elle aida son hôte à nettoyer les ustensiles et couverts. Elle se sentit se tendre à mesure que l’instant où elle devra parler au chef approchait. Que devait-elle lui dire ? Les ventrardents étaient-ils en bons termes avec le royaume champignon ? S’ils ont son katana, ils vont surement lui demander comment elle l’a obtenu. La croiront-ils si elle leur dit la vérité ? Après tout le katana est l’œuvre d’Oriole et offerte à son grand-père. Elle avait le droit de l’utiliser, n’est-ce pas ? Puis elle se souvint qu’elle en avait pas le droit. En clair elle était mal barrée pour défendre sa cause et parler de son amitié avec un ventrardent ne pèsera rien dans la balance.

Elle suivit ensuite Aviceda dehors et put enfin admirer l’extérieur de l’habitat. A première vue, cela ressemblait au village primitif d’une civilisation vivant sous les cocotiers mais Mitsuki remarqua rapidement que le paysage était plus complexe qu’il n’y paraissait. Elle aperçu plusieurs bassines positionnées en hauteur qu’elle supposa servir à récolter l’eau de pluie, et la présence d’outils arboricoles prouvait qu’ils n’avaient pas perdu leur facilité à travailler le métal. D’ailleurs les patrouilleurs portaient ceinturon et glaive accrochés à leur pantalon.

Des têtes se tournèrent alors qu’ils marchèrent vers la cabane du chef, ce qui mit mal à l’aise Mitsuki qui désirait savoir rapidement ce qu’il était arrivé à cette populace. Elle le devait au nom de ce qu’elle avait vécu avec Robin.

Les deux gardes à l’air menaçant étaient postés devant l’entrée de la hutte et les laissèrent passer lorsqu’ils arrivèrent devant l’entrée ouverte de l’habitat. Une fois à l’intérieur, Aviceda se mêla à la foule déjà présente tandis que la jeune femme restait immobile, impressionnée par l’allure de leur chef. Sa tête rouge était dépourvue de plumes et son bec crochu lui donnait un air carnassier. Ses ailes brunâtres et rétractées donnaient l’impression qu’il portait un lourd et imposant manteau d’hiver ce qui ajoutait encore plus à sa splendeur. Hormis Oriole et Robin, Mitsuki avait rarement vu d’autres ventardents et elle devait avouer que celui-ci était très impressionnant. Elle sortit quelque peu de sa transe et remarqua au loin le patrouilleur qu’elle avait combattu. Ce dernier lui lançait un regard de haine, sa main proche de ses couteaux prêt à attaquer si elle osait le moindre mouvement brusque. Elle s’avança donc doucement, faisant bien attention à ce qu’il aperçoive ses mains, mains qui tremblaient légèrement.

Du bruit se fit entendre à l’extérieur et on fit entrer un Yosushi attaché et quelque peu déboussolé à l’intérieur. Il changea vite de comportement en apercevant la gardienne en vie et relativement en bonne santé. Il se précipita vers elle.

- Mitsuki est-ce que ça va, demanda-t-il avec un soupçon d’inquiétude dans sa voix. Oh si tu savais comme je suis soulagé de te voir saine et sauve. J’ai bien cru que. Aïe !

Mitsuki l’arrêta en lui écrasant le pied et en lui jetant un regard sévère tout en posant un index sur ses lèvres. Robin ne lui avait pas enseigné que le travail du métal mais aussi les coutumes et traditions de son peuple. En présence du chef, toute discussion ne pouvait avoir lieu avant que lui-même ait parlé. Celui-ci d’ailleurs acquiesça, pardonnant la faute commise par le lézard mais restait toutefois interloqué par la réaction de la jeune femme. Savoir qu’un métropolitain connaissait la coutume était pour le moins déroutant. La discussion s’annonçait intéressante. Il se décida d’en finir avec le silence.

- Salutations voyageurs, dit-il en ancien langage. Mon nom est Torgos. Je ne vais pas aller par quatre chemins, vous êtes entrés sur notre territoire malgré nos avertissements. Vous outrepassez vos droits. Cependant je veux bien me montrer magnanime si vous m’expliquez comment deux individus comme vous peuvent être en possession d’une œuvre appartenant à notre peuple.

Sur ses mots, il ouvrit légèrement ses bras plumeux et découvrit le katana. Le cœur de Mitsuki fit un bon dans sa poitrine et déglutit avec difficulté. Finalement, elle trouva au fond d’elle le courage de répondre dans la même langue.

- Oriole Voron en a fait don à mon grand-père au nom de l’amitié qui régnait entre la famille royale et votre peuple.

- Non-sens ! cria un ventrardent dans l’assemblée. Si c’est réellement Oriole Voron qui a créé cette œuvre, alors elle est âgée de plusieurs siècles. Votre grand-père n’aurait en aucun cas pu être digne !

La foule commença à discuter jusqu’à ce que Torgos ramène le silence en levant la main.

- Si vous permettez de m’expliquer grand chef, proposa Mitsuki.

- Faites, répondit celui-ci.

- Je suis Mitsuki, petite fille du premier roi. Je sais que cela semble impossible mais mon grand-père m’a renvoyé dans son univers d’origine et je suis revenue ici dans le but de réunir les pierres d’éléments et rétablir la paix au royaume champignon, ceci avec l’aide du katana.

- Comment puis-je savoir si vous dites la vérité ? Les explications que vous nous avez déjà données semblent pour le moins invraisemblables.

- Je n’ai pas grand-chose pour prouver que je dis la vérité. Je parle parfaitement ce qu’ils appellent l’ancien langage et, grâce au fils d’Oriole, je connais vos us et vos coutumes. Je contrôle également parfaitement la magie du premier roi et je peux vous le prouver. Si vous m’y autorisez bien sûr.

- Très bien, surprenez-moi.

Mitsuki sortit de dessous sa chemise son collier où son étoile scintillait de mille feux comme pour donner du crédit à ses propos. Le patrouilleur se tint prêt en tenant fermement un couteau. Elle prit son artefact dans la main, bientôt une motte de terre apparue dans l’autre. Celle-ci craquela pour laisser place à des flammes qui s’éteignirent bientôt pour se changer en de l’eau qui, elle, s’envola avant de disparaitre dans les airs. Des murmures de stupéfaction s’élevèrent dans la salle. Mitsuki, quant à elle, espérait avoir fait bonne impression. Le chef resta un moment pensif avant de reprendre la parole.

- Le premier roi a fait beaucoup pour notre peuple. Il nous a offert une nouvelle terre lorsque la nôtre s’éteignait dévorée par les ténèbres.

- Penocta c’est bien ça ? J’ai reconnu les oiseaux chanter une de vos chansons, « Les arbres de Penocta ». Alors l’archipel en forme de dauphin dont mon grand-père parlait, il parlait en fait de l’archipel Delfino.

- Oui. Au fil des siècles, rois, reines, princes, princesses, tous ont perdus de plus en plus d’intérêt envers notre peuple. Bien sûr le port et ses environs étaient devenus prospères mais il s’est avéré que peu importait à nos dirigeants de savoir comment était géré cet archipel. L’évolution ne s’est pas faite du jour au lendemain, les ventrardents ont perdus leurs terres petit à petit, en partie à cause des Piantas. Au final, nous nous retrouvons sur cette île mais ce n’est pas assez pour le maire de Delfino qui refuse de nous laisser en paix. Vous aviez raison en employant le mot « régnait » concernant les relations entre nous et la famille royale. Si votre princesse se souciait de son peuple comme on le dit, elle n’accepterait jamais que ces maudits Pianta s’en prennent à notre territoire.

- Je suis désolée qu’il en soit ainsi. Je dois dire que les informations prennent du temps entre les îles et la métropole et il arrive que des mots se perdent ou qu’ils soient modifiés en chemin. Etant diplomate officielle de la princesse, je suis bien consciente de ce problème et je dois vous avouer que c’est à cause d’une plainte du maire de Delfino que je suis ici. Il souhaite faire de votre île une attraction touristique.

- Et quelle est votre position à ce sujet ?

- J’ai accepté ce travail de diplomate pour que les citoyens de ce royaume ne se sentent jamais mis à l’écart, ils doivent croire qu’une personne au sommet les écoute quel que soit leur race. Mes parents ont fait de Champ-de-Fleur une province libre afin que les plantes puissent y vivre en sécurité, je veux suivre cet exemple. Je refuse que vous soyez sacrifiés dans l’unique but de faire de l’argent.

- Vos paroles sont nobles mais qu’en est-il de vos actes ?

- Pourquoi ne pas devenir une province libre ? Si mes parents ont réussi à convaincre le roi de la situation de Champ-de-Fleur, je peux réussir à convaincre la princesse Peach. Quoi que l’on puisse penser, la gentillesse de la princesse est réelle. Hélas cela reste qu’une promesse en l’air. Comment puis-je vous prouver ma bonne foi ?

- Si vous souhaitez reconstruire des relations entre notre peuple et la famille royale, cela commence par le respect réciproque de nos traditions.

Nous y voilà. Mitsuki comprit ce qu’il insinuait : elle devait se séparer du katana de son grand-père, son katana. Lui qui l’avait protégé durant les épreuves qu’elle a dû surmonter. L’objet le plus précieux après l’étoile et ayant appartenu à l’un de ses plus proches parents. Si elle le rendait, il ne lui resterait plus que la magie. Cette lame représentait beaucoup pour elle.

Au point de laisser dépérir une population entière ?

Non, elle ne le méritait pas. Pas moyen que cela se passe ainsi ! « Respecter les traditions est un pas vers l’entente » lui avait dit un jour son grand-père. Et bien qu’il en soit ainsi. Robin n’est plus là mais son héritage et les ventrardents ont perduré. Pas question de les laisser tomber, c’est son job et il est grand temps qu’elle prenne ses responsabilités. Elle se poste devant le chef ventrardent.

- J’accepte de rendre le katana, dit Mitsuki, le regard remplit de détermination.

- Alors qu’il en soit ainsi.

D’un hochement de tête, un ventrardent au plumage bleu-nuit sortit de la foule et Torgos lui remis le katana dans les mains. Le jeune prit l’arme, mais au lieu de se fondre à nouveau dans la foule, il se tourna vers Mitsuki.

- Merci de nous avoir rapporté l’œuvre de notre famille, dit-il avec sérénité. Je vous promets qu’elle sera choyée et il y sera apporté tous les soins nécessaires réservés aux œuvres. J’espère qu’elle a fait honneur à celui à qui elle a été offerte.

- Elle a fait bien plus que remplir sa mission. C’est une très belle œuvre, votre famille peut en être fier.

Il acquiesça légèrement la tête, acceptant les remerciements de la gardienne.

- Les œuvres sont les objets les plus précieux qu’une famille ventrardienne puisse posséder. Mon ancêtre Oriole a du surement vous l’apprendre.

- En réalité je dois beaucoup à son fils Robin, avoua Mitsuki en se perdant dans la nostalgie. Il était mon meilleur ami, chaque moment passé avec lui n’a été que pur bonheur. Il remplissait ma vie de lumière. Il me manque et je m’en veux terriblement de ne pas lui avoir dit au revoir.

Le jeune oiseau vit son regard devenir mélancolique et ses plumes se dressèrent sur sa tête en signe de stupéfaction. Peut-être était-ce cela qui le décida à vouloir la croire.

- Mitsuki c’est ça, hein ? C’était le nom du premier amour de Robin.

Le cœur de Mitsuki s’emballa et elle ne put empêcher ses joues de se couvrir de rouge. Robin l’aimait. Elle en restait toute ébahie. Elle était encore trop jeune lorsqu’elle était partie pour savoir ce que c’était le vrai amour. Mais à présent, au fond d’elle, elle savait que, s’ils avaient continué, rien n’aurait pu les séparer.

- Je suis heureuse que Robin ait pu refaire sa vie.

- On n’oublie pas son premier amour pour autant. Surtout lorsqu’on compte leur offrir une œuvre comme cadeau de départ.

Mitsuki voulait qu’il arrête, c’était trop douloureux pour elle. Penser que durant toutes ses années Robin avait dû se lever chaque matin et contempler la preuve de son échec, cela lui était insupportable. Public ou pas elle s’en foutait, elle avait envie de pleurer à chaudes larmes. L’oiseau dû voir son mal-être puisqu’il attendit qu’elle ait terminé d’essuyer ses yeux avant de reprendre la conversation.

- Vous avez l’air quelqu’un de bien. J’ai envie de vous croire lorsque vous pensez avoir la solution à nos problèmes. C’est pour cela que moi, Cyornis, représentant de la famille Voron, je veux bien prendre le risque et vous offrir la possibilité de faire l’honneur à l’œuvre de mon ancêtre en signe du rétablissement des relations entre ventrardents et la famille royale.

- Mais Robin n’est plus là pour le prouver.

- Dans ce cas ce sera à nous, ventrardents, et au Rouge-Gorge d’en juger. Mais avant cela…

Il se tourna vers Torgos

- Grand chef Torgos, accordez-vous à cette humaine de prouver sa dignité et faire honneur à l’œuvre de Robin Voron ?

- Si fait. Votre demande est accordée Cyornis Voron. La jeune humaine Mitsuki fera ses preuves demain. Quoique soit le résultat il lui sera ensuite assigné un représentant qui ira avec elle à Delfino afin de plaider notre cause. Cela vous convient-il jeune diplomate ?

- Tout à fait.

- Parfait. La séance est à présent terminée.

La foule se dissipa et se dirigea vers la sortie. Un patrouilleur eut la délicatesse de détacher Yosushi sans pour autant s’empêcher de lui jeter un regard méfiant. Apparemment son ami ne s’était pas rendu sans faire d’histoire. Celui-ci se massait les poignets alors que Mitsuki s’approchait de lui. Quand elle fut devant lui, il lui présenta un regard rempli de frustration.

- Tu peux m’expliquer ce qui se passe ici, demanda-t-il énervé. Non seulement tu me marches sur le pied mais en plus tu discute avec ces gens qui parlent une langue qui m’est inconnue. Tu sais très bien que je déteste être mis de côté, surtout quand nos vies sont en jeu. Qu’est-ce que tu as bien pu leur dire pour qu’ils nous laissent la vie sauve ?

- La vérité, répondit simplement Mitsuki.

Il lui jeta un regard signifiant que ce n’était pas assez pour lui. Mitsuki soupira et raconta tout ce qui s’était dit durant la séance. Le lézard ne put cacher sa stupéfaction quand elle lui apprit qu’elle avait rendu son katana.

- Mitsuki tu n’es pas sérieuse ?! Le katana appartenait à la famille royale. C’est l’arme la plus précieux que le royaume ait en sa possession. Que va dire la princesse en apprenant ça ?

- Elle n’a pas son mot à dire dans cette histoire et les ventrardents ont raison ; je n’ai aucun droit sur ce katana, peu importe ce que l’on puisse penser. Ils n’ont pas la même motion de l’héritage que nous. Ils peuvent hériter de connaissances, de biens matériels mais pas d’œuvres. Une œuvre est unique à chaque personne, elle est son identité, faite pour une personne et seulement pour cette personne. Ce qui signifie que je n’ai aucun droit sur l’œuvre offerte par Oriole à mon grand-père. En revanche celle que Robin a fabriquée m’était destinée et j’ai bien l’intention de la récupérer.

- La princesse ne va pas être contente.

- Oui bah si tu pouvais éviter d’en parler autour de toi. Une remontrance de Peach ça je peux gérer. Mais par contre j’ai pas envie d’avoir Mario sur le dos pendant des semaines.

- J’me gênerais.

Mitsuki renifla à la réponse de son ami qui avait décidé de lui faire payer les moments inconfortables qu’il avait passé pendant qu’elle était en convalescence. Mais elle connaissait bien Yosushi pour savoir que cela ne durerait pas longtemps. Ils sortirent tous les deux du bâtiment, éblouis par le soleil.

- N’empêche, t’as le chic pour te mettre dans la poche les gens les plus bizarres du royaume, lâcha Yosushi.

- Là tu commence à être insultant Yosushi.
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Books are the quietest and most constant of friends; they are the most accessible and wisest of counselors, and the most patient of teachers. - Charles William Eliot

Il y a un terme technique pour quelqu’un qui confond les avis d’un personnage d’un livre avec ceux de l’auteur. Ce terme est idiot Stephen Michael Stirling
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