Volcardent
Publié : 24 mai 2017, 18:44
C'est moi je suis de retour ! Avec une nouvelle histoire en lien avec mes deux précédentes. On retrouve notre héroïne Mitsuki dans une nouvelle aventure.
Attention ce résumé est utilisé pour faire lire les potentiels lecteurs.
"Après être sortit de sa convalescence, Mitsuki est envoyée par Peach sur l'île Delfino en tant que diplomate afin de résoudre des accords commerciaux. Mais à peine son voyage commencé que les problèmes et les intrigues s'accumulent. Va-t-elle réussir à se sortir de cette situation."
Chapitre 1 : Port Lacanaie
Il n’était pas plus de midi lorsque le calme paisible du paysage fut interrompu par le crissement de cailloux sous les chaussures de deux voyageurs. L’automne débutait son travail annuel ; le feuillage opaque des arbres rougissait à l’annonce de pluies et d’une baisse progressive de la température. Le temps était encore doux et le ciel clément, ce qui avait plu à nos deux perturbateurs au moment de leur départ. Trois silhouettes marchaient côte à côte. Le premier était un Yoshi de couleur rouge portant étrangement une paire de basket aux pieds. Le second ou plutôt la seconde était reconnaissable par ses deux cicatrices et son collier de gemmes magiques. Le dernier était un Boo du nom de Book, identifiable de ses pairs par ses canines proéminentes et ses tâches de rousseur ectoplasmiques.
- C’est sympa de votre part de m’accompagner vers l’île Delfino, dit Mitsuki.
- En même temps, si on va au même endroit, autant faire la route ensemble, répondit le Boo d’une voix étrangement aigue.
- Et c’est plus agréable, ajouta Yosushi en se léchant les babines. Je suis tellement impatient d’étudier la nourriture et la gastronomie de cette île ! Je commençais sérieusement à stagner dans l’originalité de mes plats.
- Et moi de commencer mon service à l’Hôtel Delfino. C’est un rêve de gosse qui se réalise.
- Noix de coco, durians, bananes, ananas, piments, mangues. Tellement de plats à cuisiner et à manger ! Miam. Et toi Mitsuki ? Tu es prête pour le travail de diplomate que Peach t’a offert ? Mitsuki ?
Contrairement à ces deux compagnons, Mitsuki ne partageait pas leur enthousiasme à l’idée d’aller sur l’île Delfino. Et bien qu’ayant passé beaucoup de temps dehors l’été, elle restait d’une pâleur maladive. Elle marchait la tête légèrement baissée, sans sourire. Son sabre, bien qu’à présent inutile, pendait dans son dos maintenu par une sangle. Yosushi avait conscience qu’elle avait changé depuis son combat contre le mage noir. Elle s’était mise tellement à l’écart que beaucoup avait cru qu’elle avait disparue pour de bon. Mais c’était sans compter sur les Boos qui avaient vite fait taire les rumeurs. Book aussi regardait Mitsuki mais contrairement à Yosushi il savait pourquoi elle avait pris son katana : il lui apportait le soutien nécessaire afin de mener son travail à bien. Cela dit, d’un point de vue fantomatique, Book le voyait comme un moyen pour ne pas perdre les pédales. Mitsuki prit finalement la parole :
- C’est juste que je ne comprends pas, se plaignit-elle. Pourquoi moi ? Pourquoi Peach me demande à moi de régler des affaires diplomatiques ?
- Elle pense surement que tu as les qualités et le potentiel pour devenir un excellent diplomate, répondit Yosushi pour la rassurer.
- Elle a tort. Sa confiance aveugle envers les gens va finir un jour par la conduire à sa perte.
- Oh là t’exagères ! Aveugle ? C’est pourtant toi qui a reconstruit une relation saine avec Champ de Fleur.
- Mouais c’est pas faux. Mais, je ne peux m’empêcher d’avoir des doutes. J’ai peur de faire tout foirer.
- Mais non tu ne vas pas faire tout foirer. Après tout ce n’est d’un simple changement d’accords commerciaux. Rien de bien surmontable. Enfin je crois.
- Mouais tu dois avoir raison.
- Au pire, si tu te sens patraque, tu ramènes tes os au bar à l’hôtel Delfino, affirma Book, j’te ferais un de mes cocktails tonifiants.
- Si tu parles de ton « sun burn » il est hors de question que j’en boive un autre. La dernière fois j’ai fini la soirée dans la chambre froide et ma langue s’en souvient encore.
- Tiens en parlant de dégustation, dit Yosushi, vous pensez que des tranches d’ananas sur une pizza ça pourrait avoir du succès ?
Le port de Lacanaie se présenta devant leurs yeux vers la fin d’après-midi. Là-bas attendait un bateau qui devait prendre, le lendemain, la direction de l’île Delfino. Pour leur plus grand malheur les odeurs se présentèrent également dès leur entrée dans la ville. Les effluves maritimes se mélangeaient à celles de la rue dans un cocktail d’une incroyable contradiction olfactive. Cependant Yosushi, qui avait un flair plus aiguisé que ses deux compagnons, n’était pas de cet avis. En même temps c’était pas si difficile, Book était privé d’odorat en cause d’un nez absent et Mitsuki cherchait encore à identifier ce qui lui agressait les narines. Pour lui c’était tout vu. On aurait dit une guerre entre deux gangs pestilentiels, se battant pour prendre le contrôle de la cité. Sa vision d’une ville délabrée se confirma lorsqu’il aperçut une vieille potence sur la place de ville et des graffitis aux murs.
- Charmant, lâcha Mitsuki sur un ton sarcastique.
- Je dirais même mortel, rajouta Book en tirant la langue.
- Allons vous deux, gardez ce genre d’humour pour vous, répliqua Yosushi. Même si la princesse y met tout son cœur, tout ne peut pas être féérique au royaume champignon.
- Parait que ça a bien changé depuis que la fille du parrain a repris l’affaire, informa le Boo. Y aurait moins de vols et de bagarres.
- Hein ? Le port est tenu par des mafieux ! s’écria Mitsuki. Décidément cette époque ne cesse de m’impressionner.
- Les temps changent en bien ou en mal et on ne peut y rien faire contre, répondit Yosushi qui se voulait être philosophique.
- Surtout lorsque le passé vous colle aux basques, ajouta Mitsuki de manière acide.
- Et si on allait maintenant à l’auberge ? proposa précipitamment Book voyant que la conversation menait vers une pente glissante. Comme ça on va pouvoir tous se reposer.
- Bonne idée, dit froidement la gardienne.
Sur ces mots Mitsuki partit devant, les mains dans les poches. Yosushi lança un regard silencieux mais interrogateur à Book. Ce dernier se contenta de hausser les épaules. Il ne divulguera rien au Yoshi car ce n’était pas à lui de répondre mais à Mitsuki. Cependant il lui conseilla quand même de la laisser tranquille pour ce soir. Yosushi ne l’avait pas remarqué mais lui oui. Il avait pu apercevoir des éclats verts dans les yeux noirs de la magicienne. Chose qui annonçait rien de bon et il pria pour que personne ne vienne les déranger durant la soirée.
C’était loin d’être le cas car à peine sont-ils rentrés dans l’auberge que tous les regards se tournèrent vers eux. Yosushi, qui n’avait pas l’habitude de ce silence pesant, ni même d’entrer dans ce genre d’établissement, se sentit particulièrement nerveux. Book et Mitsuki, quant à eux, s’en fichaient éperdument et se rendirent à une table vide. Les conversations reprirent de bon ton une fois qu’ils s’y installèrent. Mitsuki ferma les yeux un moment et essaya de se détendre tout en écoutant ce qu’il s’y disait. A en croire ses oreilles, un aventurier s’enquérait de compagnons pour une quête, un jeune homme attendait un vieil ami barbu tandis qu’un autre cherchait un guide touristique pour lui faire visiter le royaume champignon. Bref, rien de bien passionnant à son goût. Le patron s’avança vers eux. Il avait l’air de venir de Vegesia et portait la moustache. A la vue de son propriétaire et de sa propriété, Book comprit qu’il avait plus de vécu que de cuvés.
- Qu’est-ce que je vous sers les jeunes, demanda-t-il sur un ton joyeux.
- Une fraisibulle, une pina colada et une bière au miel s’il vous plait m’sieur, répondit Book sans hésiter. Oh et si vous pouviez ramener des piments Delfino ça serait sympa.
- Oh vous vous avez vraiment pas peur du risque, rigola de bon cœur l’aubergiste.
Ils attendirent tranquillement leurs consommations sans prononcer un mot. Book observa une nouvelle fois Mitsuki qui se contentait de gratter le bois de la table. Mais il savait qu’ils n’étaient pas à l’abri du danger puisque les éclats verdoyants n’avaient pas encore disparus. Le barman arriva avec les verres et les piments quand soudain la porte de l’auberge s’ouvrit avec fracas. Trois individus suspects et pas du tout commode entrèrent pour le plus grand malheur des clients. Un Toad crasseux, un Bob-omb marin et une sorte de piaf prirent place au comptoir. A leurs rires, il était clair qu’ils avaient déjà entamé leur soirée dans un autre lieu avant de s’être sans doute fait mis à la porte. Book et Yosushi décidèrent de les ignorer, trop occupés qu’ils étaient à alterner entre piments et boissons. C’était sans compté sur Mitsuki qui leva ses yeux grignotés petit à petit par une lueur verdâtre vers les bruyants arrivés. Leur présence la dérangeait, limite l’énervait et elle espérait que ce vacarme rapidement cesserait.
C’est sous une atmosphère de guerre froide que se déroula la suite de sa soirée. Ses compagnons avaient commandé leur repas et dinaient silencieusement, tranquillement jusqu’à ce qu’arrive ce qui devait arriver. A force de gratter la table dans le but de se contenir, Mitsuki avait entamé le bois et, maintenant qu’elle avait son repas devant elle, tapait périodiquement la base et le bout de son couteau dessus. Tiquant à cause du bruit régulier du couvert, le Toad éméché et le piaf tournèrent leur regard vers Mitsuki. Elle les observait à présent avec des iris couleur émeraude. Seul un imbécile ignorerait ce regard qui ordonnait de manière limpide le calme sans conditions. Mais comme l’ivresse et la stupidité vont souvent de pairs, cette info n’eut pas l’effet escompté, puisqu’au lieu de les calmer, elle eut vite fait d’embraser le cerveau de nos enivrés.
- Qu’est-ce qu’elle nous regarde comme ça celle-là, cria le piaf. T’as un problème ou quoi ?
- Vous faites trop de bruit, répondit Mitsuki sur un ton glacial.
- Oh attends, attends, attends un peu mon Jacko, fit le Toad. Sa tête me dit quelque chose. Ah ouais ça me revient. C’est la trublionne royale !
- La quoi ?
- La trublionne quoi ! J’ai entendu les gars parler sur elle. Parait qu’elle est pas toute blanche sur ce qu’il s’est passé il y a un an.
- Comme si la parole d’un Toad ivre était incontestable, répliqua Book.
- Ferme là l’ectoplasme, s’écria le Bob-omb. C’est déjà un miracle qu’on t’ait laissé entrer dans le bar.
- Oh là tout le monde se calme, intervint le barman mais sans succès.
Sans succès puisque dès cet instant, les conversations s’animèrent de part et d’autre de la salle.
« Alors c’est elle »
L’agitation monta crescendo chez Mitsuki.
« Elle aurait perdu contre ce qu’elle a créé »
Elle ferma les yeux pour essayer de se calmer mais elle se sentait déjà succomber.
« Comment la princesse peut-elle laisser une personne aussi dangereuse en liberté ? »
Au fond d’elle-même quelque chose tentait de noyer sa conscience.
« Si ça se trouve elle est secrètement à la botte de Bowser »
Non, pas moi, fut la dernière pensée lucide qu’elle put modeler.
« Ce genre d’individu, ça devrait disparaitre »
C’était le piaf qui l’avait prononcé. Ceci fut la dernière chose qu’elle entendit avant de ne plus rien entendre. Elle n’entendait plus rien, ne voyait plus rien. Elle ne sentait plus rien. Tout était noir autour d’elle. Sa conscience perdue se retrouvait à nouveau dans les limbes. Tout à coup un cri lointain mais perçant lui rendit tous ses sens.
- MITSUKI ARRETE ! hurla celui-ci.
Mitsuki ouvrit les yeux ou plutôt les cligna car son corps, sans sa permission, l’avait fait à sa place. Elle regarda la scène totalement perdue. Plaqué contre le mur, le piaf avait les yeux révulsés, comme si un monstre se dressait devant lui. Avec sa main droite, elle le tenait par la gorge tandis que celle de gauche, enflammée et levée, était retenu par la langue de Yosushi, bien décidé à ne rien lâcher. Sa stature catatonique dura un moment puis elle desserra son étreinte. Le piaf tomba par terre et tout en crachotant, il sortit du bar en courant, suivit de près par ses deux partenaires. Yosushi délia délicatement sa langue du poignet de la magicienne. Toute l’assemblée s’était tût. Mitsuki, visiblement en état de choc, regardait sa main à présent éteinte dont les veines étaient devenues apparentes.
- Hem, toussa nerveusement le barman. Je vais vous demander de vous en aller. Gentiment. S’il vous plait.
Book partit en premier puis ce fut le tour de Mitsuki, poussée dans le dos docilement par Yosushi. Ce n’est qu’une fois à l’air frais que le reptile rouge se permit d’inspirer profondément. Il se tourna ensuite vers son amie qui s’était assise sur les marches de la potence. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Même lorsqu’elle était plus jeune elle ne se serait jamais comportée de la sorte. Bon, il est vrai que les évènements de l’année précédente ont été plus éprouvant pour elle que pour les autres, mais de là à tenter de blesser mortellement une personne. Pour lui c’était clair ; ce comportement ne pouvait plus durer.
- Je peux savoir ce qui a pris ? demanda Yosushi avec une pointe de colère.
- Je sais pas, chuchota Mitsuki d’une voix tremblante. Je sais pas. J’étais assise et ensuite plus rien. L’instant d’après je le tenais. Yosushi, j’te jure que c’était pas intentionnel.
- Bah tiens il manquerait plus que ça ! Tu te rends compte de ce qui vient de se produire ? Tu la veux vraiment la chance que la princesse t’a offert ? Excuse-moi de te le dire mais ce n’est pas lui faire honneur en te laissant aller comme tu le fais. D’abord ta disparition, ensuite ça. Ça ne peut plus continuer. T’auras vraiment de la chance si Mario ne l’apprend pas.
Mitsuki frissonna en entendant ce nom. Non pas qu’elle en avait peur mais rien que le fait qu’il sache un minimum de ce qui venait de se passer… Il ne la lâcherait plus d’une semelle et c’était bien la dernière qu’elle souhaitait. Elle ne répondit pas et se contenta de regarder le sol sans dire un mot. Yosushi soupira.
- Ecoute, continua-t-il. Je sais que tu es capable de grandes choses. Tu l’as prouvé maintes fois par le passé. Mais ce qui vient de se passer ce soir, ce n’est pas acceptable. Je veux bien passer l’éponge sur ce qui est arrivé et espéré que cela ne s’ébruite pas mais si tu veux vraiment que cela change et bien ce changement doit venir de toi. Bien et maintenant je vais essayer de trouver un endroit où dormir puisque tu nous as fait virer de l’auberge, et demain je veux que tu sois capable de te tenir correctement car compte pas sur moi pour payer les pots cassés sur ton passage.
Sur ces mots Yosushi tourna les talons et partit de son côté, laissant Book et Mitsuki seuls sur la place. Mitsuki remonta ses jambes vers son buste, des larmes coulaient sur ses joues. Elle avait échoué, une nouvelle fois. Comme début on ne pouvait pas faire pire, se dit-elle découragée. Entendant ses paroles et pour finir la soirée en beauté le destin, en grand fan d’humour putassier, lui offrit les nuages et une belle rincée. Book tapota de sa main glaciale l’épaule de la magicienne.
- Il a dit ça pour t’encourager et te faire progresser, rassura Book.
- Je sais, gémit-elle doucement. Mais je peux pas. Même avec le sabre de grand-père à mes côtés. J’y arrive pas.
- Aller vient. On va se mettre au sec.
Attention ce résumé est utilisé pour faire lire les potentiels lecteurs.
"Après être sortit de sa convalescence, Mitsuki est envoyée par Peach sur l'île Delfino en tant que diplomate afin de résoudre des accords commerciaux. Mais à peine son voyage commencé que les problèmes et les intrigues s'accumulent. Va-t-elle réussir à se sortir de cette situation."
Chapitre 1 : Port Lacanaie
Il n’était pas plus de midi lorsque le calme paisible du paysage fut interrompu par le crissement de cailloux sous les chaussures de deux voyageurs. L’automne débutait son travail annuel ; le feuillage opaque des arbres rougissait à l’annonce de pluies et d’une baisse progressive de la température. Le temps était encore doux et le ciel clément, ce qui avait plu à nos deux perturbateurs au moment de leur départ. Trois silhouettes marchaient côte à côte. Le premier était un Yoshi de couleur rouge portant étrangement une paire de basket aux pieds. Le second ou plutôt la seconde était reconnaissable par ses deux cicatrices et son collier de gemmes magiques. Le dernier était un Boo du nom de Book, identifiable de ses pairs par ses canines proéminentes et ses tâches de rousseur ectoplasmiques.
- C’est sympa de votre part de m’accompagner vers l’île Delfino, dit Mitsuki.
- En même temps, si on va au même endroit, autant faire la route ensemble, répondit le Boo d’une voix étrangement aigue.
- Et c’est plus agréable, ajouta Yosushi en se léchant les babines. Je suis tellement impatient d’étudier la nourriture et la gastronomie de cette île ! Je commençais sérieusement à stagner dans l’originalité de mes plats.
- Et moi de commencer mon service à l’Hôtel Delfino. C’est un rêve de gosse qui se réalise.
- Noix de coco, durians, bananes, ananas, piments, mangues. Tellement de plats à cuisiner et à manger ! Miam. Et toi Mitsuki ? Tu es prête pour le travail de diplomate que Peach t’a offert ? Mitsuki ?
Contrairement à ces deux compagnons, Mitsuki ne partageait pas leur enthousiasme à l’idée d’aller sur l’île Delfino. Et bien qu’ayant passé beaucoup de temps dehors l’été, elle restait d’une pâleur maladive. Elle marchait la tête légèrement baissée, sans sourire. Son sabre, bien qu’à présent inutile, pendait dans son dos maintenu par une sangle. Yosushi avait conscience qu’elle avait changé depuis son combat contre le mage noir. Elle s’était mise tellement à l’écart que beaucoup avait cru qu’elle avait disparue pour de bon. Mais c’était sans compter sur les Boos qui avaient vite fait taire les rumeurs. Book aussi regardait Mitsuki mais contrairement à Yosushi il savait pourquoi elle avait pris son katana : il lui apportait le soutien nécessaire afin de mener son travail à bien. Cela dit, d’un point de vue fantomatique, Book le voyait comme un moyen pour ne pas perdre les pédales. Mitsuki prit finalement la parole :
- C’est juste que je ne comprends pas, se plaignit-elle. Pourquoi moi ? Pourquoi Peach me demande à moi de régler des affaires diplomatiques ?
- Elle pense surement que tu as les qualités et le potentiel pour devenir un excellent diplomate, répondit Yosushi pour la rassurer.
- Elle a tort. Sa confiance aveugle envers les gens va finir un jour par la conduire à sa perte.
- Oh là t’exagères ! Aveugle ? C’est pourtant toi qui a reconstruit une relation saine avec Champ de Fleur.
- Mouais c’est pas faux. Mais, je ne peux m’empêcher d’avoir des doutes. J’ai peur de faire tout foirer.
- Mais non tu ne vas pas faire tout foirer. Après tout ce n’est d’un simple changement d’accords commerciaux. Rien de bien surmontable. Enfin je crois.
- Mouais tu dois avoir raison.
- Au pire, si tu te sens patraque, tu ramènes tes os au bar à l’hôtel Delfino, affirma Book, j’te ferais un de mes cocktails tonifiants.
- Si tu parles de ton « sun burn » il est hors de question que j’en boive un autre. La dernière fois j’ai fini la soirée dans la chambre froide et ma langue s’en souvient encore.
- Tiens en parlant de dégustation, dit Yosushi, vous pensez que des tranches d’ananas sur une pizza ça pourrait avoir du succès ?
Le port de Lacanaie se présenta devant leurs yeux vers la fin d’après-midi. Là-bas attendait un bateau qui devait prendre, le lendemain, la direction de l’île Delfino. Pour leur plus grand malheur les odeurs se présentèrent également dès leur entrée dans la ville. Les effluves maritimes se mélangeaient à celles de la rue dans un cocktail d’une incroyable contradiction olfactive. Cependant Yosushi, qui avait un flair plus aiguisé que ses deux compagnons, n’était pas de cet avis. En même temps c’était pas si difficile, Book était privé d’odorat en cause d’un nez absent et Mitsuki cherchait encore à identifier ce qui lui agressait les narines. Pour lui c’était tout vu. On aurait dit une guerre entre deux gangs pestilentiels, se battant pour prendre le contrôle de la cité. Sa vision d’une ville délabrée se confirma lorsqu’il aperçut une vieille potence sur la place de ville et des graffitis aux murs.
- Charmant, lâcha Mitsuki sur un ton sarcastique.
- Je dirais même mortel, rajouta Book en tirant la langue.
- Allons vous deux, gardez ce genre d’humour pour vous, répliqua Yosushi. Même si la princesse y met tout son cœur, tout ne peut pas être féérique au royaume champignon.
- Parait que ça a bien changé depuis que la fille du parrain a repris l’affaire, informa le Boo. Y aurait moins de vols et de bagarres.
- Hein ? Le port est tenu par des mafieux ! s’écria Mitsuki. Décidément cette époque ne cesse de m’impressionner.
- Les temps changent en bien ou en mal et on ne peut y rien faire contre, répondit Yosushi qui se voulait être philosophique.
- Surtout lorsque le passé vous colle aux basques, ajouta Mitsuki de manière acide.
- Et si on allait maintenant à l’auberge ? proposa précipitamment Book voyant que la conversation menait vers une pente glissante. Comme ça on va pouvoir tous se reposer.
- Bonne idée, dit froidement la gardienne.
Sur ces mots Mitsuki partit devant, les mains dans les poches. Yosushi lança un regard silencieux mais interrogateur à Book. Ce dernier se contenta de hausser les épaules. Il ne divulguera rien au Yoshi car ce n’était pas à lui de répondre mais à Mitsuki. Cependant il lui conseilla quand même de la laisser tranquille pour ce soir. Yosushi ne l’avait pas remarqué mais lui oui. Il avait pu apercevoir des éclats verts dans les yeux noirs de la magicienne. Chose qui annonçait rien de bon et il pria pour que personne ne vienne les déranger durant la soirée.
C’était loin d’être le cas car à peine sont-ils rentrés dans l’auberge que tous les regards se tournèrent vers eux. Yosushi, qui n’avait pas l’habitude de ce silence pesant, ni même d’entrer dans ce genre d’établissement, se sentit particulièrement nerveux. Book et Mitsuki, quant à eux, s’en fichaient éperdument et se rendirent à une table vide. Les conversations reprirent de bon ton une fois qu’ils s’y installèrent. Mitsuki ferma les yeux un moment et essaya de se détendre tout en écoutant ce qu’il s’y disait. A en croire ses oreilles, un aventurier s’enquérait de compagnons pour une quête, un jeune homme attendait un vieil ami barbu tandis qu’un autre cherchait un guide touristique pour lui faire visiter le royaume champignon. Bref, rien de bien passionnant à son goût. Le patron s’avança vers eux. Il avait l’air de venir de Vegesia et portait la moustache. A la vue de son propriétaire et de sa propriété, Book comprit qu’il avait plus de vécu que de cuvés.
- Qu’est-ce que je vous sers les jeunes, demanda-t-il sur un ton joyeux.
- Une fraisibulle, une pina colada et une bière au miel s’il vous plait m’sieur, répondit Book sans hésiter. Oh et si vous pouviez ramener des piments Delfino ça serait sympa.
- Oh vous vous avez vraiment pas peur du risque, rigola de bon cœur l’aubergiste.
Ils attendirent tranquillement leurs consommations sans prononcer un mot. Book observa une nouvelle fois Mitsuki qui se contentait de gratter le bois de la table. Mais il savait qu’ils n’étaient pas à l’abri du danger puisque les éclats verdoyants n’avaient pas encore disparus. Le barman arriva avec les verres et les piments quand soudain la porte de l’auberge s’ouvrit avec fracas. Trois individus suspects et pas du tout commode entrèrent pour le plus grand malheur des clients. Un Toad crasseux, un Bob-omb marin et une sorte de piaf prirent place au comptoir. A leurs rires, il était clair qu’ils avaient déjà entamé leur soirée dans un autre lieu avant de s’être sans doute fait mis à la porte. Book et Yosushi décidèrent de les ignorer, trop occupés qu’ils étaient à alterner entre piments et boissons. C’était sans compté sur Mitsuki qui leva ses yeux grignotés petit à petit par une lueur verdâtre vers les bruyants arrivés. Leur présence la dérangeait, limite l’énervait et elle espérait que ce vacarme rapidement cesserait.
C’est sous une atmosphère de guerre froide que se déroula la suite de sa soirée. Ses compagnons avaient commandé leur repas et dinaient silencieusement, tranquillement jusqu’à ce qu’arrive ce qui devait arriver. A force de gratter la table dans le but de se contenir, Mitsuki avait entamé le bois et, maintenant qu’elle avait son repas devant elle, tapait périodiquement la base et le bout de son couteau dessus. Tiquant à cause du bruit régulier du couvert, le Toad éméché et le piaf tournèrent leur regard vers Mitsuki. Elle les observait à présent avec des iris couleur émeraude. Seul un imbécile ignorerait ce regard qui ordonnait de manière limpide le calme sans conditions. Mais comme l’ivresse et la stupidité vont souvent de pairs, cette info n’eut pas l’effet escompté, puisqu’au lieu de les calmer, elle eut vite fait d’embraser le cerveau de nos enivrés.
- Qu’est-ce qu’elle nous regarde comme ça celle-là, cria le piaf. T’as un problème ou quoi ?
- Vous faites trop de bruit, répondit Mitsuki sur un ton glacial.
- Oh attends, attends, attends un peu mon Jacko, fit le Toad. Sa tête me dit quelque chose. Ah ouais ça me revient. C’est la trublionne royale !
- La quoi ?
- La trublionne quoi ! J’ai entendu les gars parler sur elle. Parait qu’elle est pas toute blanche sur ce qu’il s’est passé il y a un an.
- Comme si la parole d’un Toad ivre était incontestable, répliqua Book.
- Ferme là l’ectoplasme, s’écria le Bob-omb. C’est déjà un miracle qu’on t’ait laissé entrer dans le bar.
- Oh là tout le monde se calme, intervint le barman mais sans succès.
Sans succès puisque dès cet instant, les conversations s’animèrent de part et d’autre de la salle.
« Alors c’est elle »
L’agitation monta crescendo chez Mitsuki.
« Elle aurait perdu contre ce qu’elle a créé »
Elle ferma les yeux pour essayer de se calmer mais elle se sentait déjà succomber.
« Comment la princesse peut-elle laisser une personne aussi dangereuse en liberté ? »
Au fond d’elle-même quelque chose tentait de noyer sa conscience.
« Si ça se trouve elle est secrètement à la botte de Bowser »
Non, pas moi, fut la dernière pensée lucide qu’elle put modeler.
« Ce genre d’individu, ça devrait disparaitre »
C’était le piaf qui l’avait prononcé. Ceci fut la dernière chose qu’elle entendit avant de ne plus rien entendre. Elle n’entendait plus rien, ne voyait plus rien. Elle ne sentait plus rien. Tout était noir autour d’elle. Sa conscience perdue se retrouvait à nouveau dans les limbes. Tout à coup un cri lointain mais perçant lui rendit tous ses sens.
- MITSUKI ARRETE ! hurla celui-ci.
Mitsuki ouvrit les yeux ou plutôt les cligna car son corps, sans sa permission, l’avait fait à sa place. Elle regarda la scène totalement perdue. Plaqué contre le mur, le piaf avait les yeux révulsés, comme si un monstre se dressait devant lui. Avec sa main droite, elle le tenait par la gorge tandis que celle de gauche, enflammée et levée, était retenu par la langue de Yosushi, bien décidé à ne rien lâcher. Sa stature catatonique dura un moment puis elle desserra son étreinte. Le piaf tomba par terre et tout en crachotant, il sortit du bar en courant, suivit de près par ses deux partenaires. Yosushi délia délicatement sa langue du poignet de la magicienne. Toute l’assemblée s’était tût. Mitsuki, visiblement en état de choc, regardait sa main à présent éteinte dont les veines étaient devenues apparentes.
- Hem, toussa nerveusement le barman. Je vais vous demander de vous en aller. Gentiment. S’il vous plait.
Book partit en premier puis ce fut le tour de Mitsuki, poussée dans le dos docilement par Yosushi. Ce n’est qu’une fois à l’air frais que le reptile rouge se permit d’inspirer profondément. Il se tourna ensuite vers son amie qui s’était assise sur les marches de la potence. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Même lorsqu’elle était plus jeune elle ne se serait jamais comportée de la sorte. Bon, il est vrai que les évènements de l’année précédente ont été plus éprouvant pour elle que pour les autres, mais de là à tenter de blesser mortellement une personne. Pour lui c’était clair ; ce comportement ne pouvait plus durer.
- Je peux savoir ce qui a pris ? demanda Yosushi avec une pointe de colère.
- Je sais pas, chuchota Mitsuki d’une voix tremblante. Je sais pas. J’étais assise et ensuite plus rien. L’instant d’après je le tenais. Yosushi, j’te jure que c’était pas intentionnel.
- Bah tiens il manquerait plus que ça ! Tu te rends compte de ce qui vient de se produire ? Tu la veux vraiment la chance que la princesse t’a offert ? Excuse-moi de te le dire mais ce n’est pas lui faire honneur en te laissant aller comme tu le fais. D’abord ta disparition, ensuite ça. Ça ne peut plus continuer. T’auras vraiment de la chance si Mario ne l’apprend pas.
Mitsuki frissonna en entendant ce nom. Non pas qu’elle en avait peur mais rien que le fait qu’il sache un minimum de ce qui venait de se passer… Il ne la lâcherait plus d’une semelle et c’était bien la dernière qu’elle souhaitait. Elle ne répondit pas et se contenta de regarder le sol sans dire un mot. Yosushi soupira.
- Ecoute, continua-t-il. Je sais que tu es capable de grandes choses. Tu l’as prouvé maintes fois par le passé. Mais ce qui vient de se passer ce soir, ce n’est pas acceptable. Je veux bien passer l’éponge sur ce qui est arrivé et espéré que cela ne s’ébruite pas mais si tu veux vraiment que cela change et bien ce changement doit venir de toi. Bien et maintenant je vais essayer de trouver un endroit où dormir puisque tu nous as fait virer de l’auberge, et demain je veux que tu sois capable de te tenir correctement car compte pas sur moi pour payer les pots cassés sur ton passage.
Sur ces mots Yosushi tourna les talons et partit de son côté, laissant Book et Mitsuki seuls sur la place. Mitsuki remonta ses jambes vers son buste, des larmes coulaient sur ses joues. Elle avait échoué, une nouvelle fois. Comme début on ne pouvait pas faire pire, se dit-elle découragée. Entendant ses paroles et pour finir la soirée en beauté le destin, en grand fan d’humour putassier, lui offrit les nuages et une belle rincée. Book tapota de sa main glaciale l’épaule de la magicienne.
- Il a dit ça pour t’encourager et te faire progresser, rassura Book.
- Je sais, gémit-elle doucement. Mais je peux pas. Même avec le sabre de grand-père à mes côtés. J’y arrive pas.
- Aller vient. On va se mettre au sec.