Volcardent

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Mady
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Volcardent

Message par Mady »

C'est moi je suis de retour ! Avec une nouvelle histoire en lien avec mes deux précédentes. On retrouve notre héroïne Mitsuki dans une nouvelle aventure.

Attention ce résumé est utilisé pour faire lire les potentiels lecteurs.

"Après être sortit de sa convalescence, Mitsuki est envoyée par Peach sur l'île Delfino en tant que diplomate afin de résoudre des accords commerciaux. Mais à peine son voyage commencé que les problèmes et les intrigues s'accumulent. Va-t-elle réussir à se sortir de cette situation."

Chapitre 1 : Port Lacanaie

Il n’était pas plus de midi lorsque le calme paisible du paysage fut interrompu par le crissement de cailloux sous les chaussures de deux voyageurs. L’automne débutait son travail annuel ; le feuillage opaque des arbres rougissait à l’annonce de pluies et d’une baisse progressive de la température. Le temps était encore doux et le ciel clément, ce qui avait plu à nos deux perturbateurs au moment de leur départ. Trois silhouettes marchaient côte à côte. Le premier était un Yoshi de couleur rouge portant étrangement une paire de basket aux pieds. Le second ou plutôt la seconde était reconnaissable par ses deux cicatrices et son collier de gemmes magiques. Le dernier était un Boo du nom de Book, identifiable de ses pairs par ses canines proéminentes et ses tâches de rousseur ectoplasmiques.

- C’est sympa de votre part de m’accompagner vers l’île Delfino, dit Mitsuki.

- En même temps, si on va au même endroit, autant faire la route ensemble, répondit le Boo d’une voix étrangement aigue.

- Et c’est plus agréable, ajouta Yosushi en se léchant les babines. Je suis tellement impatient d’étudier la nourriture et la gastronomie de cette île ! Je commençais sérieusement à stagner dans l’originalité de mes plats.

- Et moi de commencer mon service à l’Hôtel Delfino. C’est un rêve de gosse qui se réalise.

- Noix de coco, durians, bananes, ananas, piments, mangues. Tellement de plats à cuisiner et à manger ! Miam. Et toi Mitsuki ? Tu es prête pour le travail de diplomate que Peach t’a offert ? Mitsuki ?

Contrairement à ces deux compagnons, Mitsuki ne partageait pas leur enthousiasme à l’idée d’aller sur l’île Delfino. Et bien qu’ayant passé beaucoup de temps dehors l’été, elle restait d’une pâleur maladive. Elle marchait la tête légèrement baissée, sans sourire. Son sabre, bien qu’à présent inutile, pendait dans son dos maintenu par une sangle. Yosushi avait conscience qu’elle avait changé depuis son combat contre le mage noir. Elle s’était mise tellement à l’écart que beaucoup avait cru qu’elle avait disparue pour de bon. Mais c’était sans compter sur les Boos qui avaient vite fait taire les rumeurs. Book aussi regardait Mitsuki mais contrairement à Yosushi il savait pourquoi elle avait pris son katana : il lui apportait le soutien nécessaire afin de mener son travail à bien. Cela dit, d’un point de vue fantomatique, Book le voyait comme un moyen pour ne pas perdre les pédales. Mitsuki prit finalement la parole :

- C’est juste que je ne comprends pas, se plaignit-elle. Pourquoi moi ? Pourquoi Peach me demande à moi de régler des affaires diplomatiques ?

- Elle pense surement que tu as les qualités et le potentiel pour devenir un excellent diplomate, répondit Yosushi pour la rassurer.

- Elle a tort. Sa confiance aveugle envers les gens va finir un jour par la conduire à sa perte.

- Oh là t’exagères ! Aveugle ? C’est pourtant toi qui a reconstruit une relation saine avec Champ de Fleur.

- Mouais c’est pas faux. Mais, je ne peux m’empêcher d’avoir des doutes. J’ai peur de faire tout foirer.

- Mais non tu ne vas pas faire tout foirer. Après tout ce n’est d’un simple changement d’accords commerciaux. Rien de bien surmontable. Enfin je crois.

- Mouais tu dois avoir raison.

- Au pire, si tu te sens patraque, tu ramènes tes os au bar à l’hôtel Delfino, affirma Book, j’te ferais un de mes cocktails tonifiants.

- Si tu parles de ton « sun burn » il est hors de question que j’en boive un autre. La dernière fois j’ai fini la soirée dans la chambre froide et ma langue s’en souvient encore.

- Tiens en parlant de dégustation, dit Yosushi, vous pensez que des tranches d’ananas sur une pizza ça pourrait avoir du succès ?


Le port de Lacanaie se présenta devant leurs yeux vers la fin d’après-midi. Là-bas attendait un bateau qui devait prendre, le lendemain, la direction de l’île Delfino. Pour leur plus grand malheur les odeurs se présentèrent également dès leur entrée dans la ville. Les effluves maritimes se mélangeaient à celles de la rue dans un cocktail d’une incroyable contradiction olfactive. Cependant Yosushi, qui avait un flair plus aiguisé que ses deux compagnons, n’était pas de cet avis. En même temps c’était pas si difficile, Book était privé d’odorat en cause d’un nez absent et Mitsuki cherchait encore à identifier ce qui lui agressait les narines. Pour lui c’était tout vu. On aurait dit une guerre entre deux gangs pestilentiels, se battant pour prendre le contrôle de la cité. Sa vision d’une ville délabrée se confirma lorsqu’il aperçut une vieille potence sur la place de ville et des graffitis aux murs.

- Charmant, lâcha Mitsuki sur un ton sarcastique.

- Je dirais même mortel, rajouta Book en tirant la langue.

- Allons vous deux, gardez ce genre d’humour pour vous, répliqua Yosushi. Même si la princesse y met tout son cœur, tout ne peut pas être féérique au royaume champignon.

- Parait que ça a bien changé depuis que la fille du parrain a repris l’affaire, informa le Boo. Y aurait moins de vols et de bagarres.

- Hein ? Le port est tenu par des mafieux ! s’écria Mitsuki. Décidément cette époque ne cesse de m’impressionner.

- Les temps changent en bien ou en mal et on ne peut y rien faire contre, répondit Yosushi qui se voulait être philosophique.

- Surtout lorsque le passé vous colle aux basques, ajouta Mitsuki de manière acide.

- Et si on allait maintenant à l’auberge ? proposa précipitamment Book voyant que la conversation menait vers une pente glissante. Comme ça on va pouvoir tous se reposer.

- Bonne idée, dit froidement la gardienne.

Sur ces mots Mitsuki partit devant, les mains dans les poches. Yosushi lança un regard silencieux mais interrogateur à Book. Ce dernier se contenta de hausser les épaules. Il ne divulguera rien au Yoshi car ce n’était pas à lui de répondre mais à Mitsuki. Cependant il lui conseilla quand même de la laisser tranquille pour ce soir. Yosushi ne l’avait pas remarqué mais lui oui. Il avait pu apercevoir des éclats verts dans les yeux noirs de la magicienne. Chose qui annonçait rien de bon et il pria pour que personne ne vienne les déranger durant la soirée.

C’était loin d’être le cas car à peine sont-ils rentrés dans l’auberge que tous les regards se tournèrent vers eux. Yosushi, qui n’avait pas l’habitude de ce silence pesant, ni même d’entrer dans ce genre d’établissement, se sentit particulièrement nerveux. Book et Mitsuki, quant à eux, s’en fichaient éperdument et se rendirent à une table vide. Les conversations reprirent de bon ton une fois qu’ils s’y installèrent. Mitsuki ferma les yeux un moment et essaya de se détendre tout en écoutant ce qu’il s’y disait. A en croire ses oreilles, un aventurier s’enquérait de compagnons pour une quête, un jeune homme attendait un vieil ami barbu tandis qu’un autre cherchait un guide touristique pour lui faire visiter le royaume champignon. Bref, rien de bien passionnant à son goût. Le patron s’avança vers eux. Il avait l’air de venir de Vegesia et portait la moustache. A la vue de son propriétaire et de sa propriété, Book comprit qu’il avait plus de vécu que de cuvés.

- Qu’est-ce que je vous sers les jeunes, demanda-t-il sur un ton joyeux.

- Une fraisibulle, une pina colada et une bière au miel s’il vous plait m’sieur, répondit Book sans hésiter. Oh et si vous pouviez ramener des piments Delfino ça serait sympa.

- Oh vous vous avez vraiment pas peur du risque, rigola de bon cœur l’aubergiste.

Ils attendirent tranquillement leurs consommations sans prononcer un mot. Book observa une nouvelle fois Mitsuki qui se contentait de gratter le bois de la table. Mais il savait qu’ils n’étaient pas à l’abri du danger puisque les éclats verdoyants n’avaient pas encore disparus. Le barman arriva avec les verres et les piments quand soudain la porte de l’auberge s’ouvrit avec fracas. Trois individus suspects et pas du tout commode entrèrent pour le plus grand malheur des clients. Un Toad crasseux, un Bob-omb marin et une sorte de piaf prirent place au comptoir. A leurs rires, il était clair qu’ils avaient déjà entamé leur soirée dans un autre lieu avant de s’être sans doute fait mis à la porte. Book et Yosushi décidèrent de les ignorer, trop occupés qu’ils étaient à alterner entre piments et boissons. C’était sans compté sur Mitsuki qui leva ses yeux grignotés petit à petit par une lueur verdâtre vers les bruyants arrivés. Leur présence la dérangeait, limite l’énervait et elle espérait que ce vacarme rapidement cesserait.

C’est sous une atmosphère de guerre froide que se déroula la suite de sa soirée. Ses compagnons avaient commandé leur repas et dinaient silencieusement, tranquillement jusqu’à ce qu’arrive ce qui devait arriver. A force de gratter la table dans le but de se contenir, Mitsuki avait entamé le bois et, maintenant qu’elle avait son repas devant elle, tapait périodiquement la base et le bout de son couteau dessus. Tiquant à cause du bruit régulier du couvert, le Toad éméché et le piaf tournèrent leur regard vers Mitsuki. Elle les observait à présent avec des iris couleur émeraude. Seul un imbécile ignorerait ce regard qui ordonnait de manière limpide le calme sans conditions. Mais comme l’ivresse et la stupidité vont souvent de pairs, cette info n’eut pas l’effet escompté, puisqu’au lieu de les calmer, elle eut vite fait d’embraser le cerveau de nos enivrés.

- Qu’est-ce qu’elle nous regarde comme ça celle-là, cria le piaf. T’as un problème ou quoi ?

- Vous faites trop de bruit, répondit Mitsuki sur un ton glacial.

- Oh attends, attends, attends un peu mon Jacko, fit le Toad. Sa tête me dit quelque chose. Ah ouais ça me revient. C’est la trublionne royale !

- La quoi ?

- La trublionne quoi ! J’ai entendu les gars parler sur elle. Parait qu’elle est pas toute blanche sur ce qu’il s’est passé il y a un an.

- Comme si la parole d’un Toad ivre était incontestable, répliqua Book.

- Ferme là l’ectoplasme, s’écria le Bob-omb. C’est déjà un miracle qu’on t’ait laissé entrer dans le bar.

- Oh là tout le monde se calme, intervint le barman mais sans succès.

Sans succès puisque dès cet instant, les conversations s’animèrent de part et d’autre de la salle.
« Alors c’est elle »
L’agitation monta crescendo chez Mitsuki.
« Elle aurait perdu contre ce qu’elle a créé »
Elle ferma les yeux pour essayer de se calmer mais elle se sentait déjà succomber.
« Comment la princesse peut-elle laisser une personne aussi dangereuse en liberté ? »
Au fond d’elle-même quelque chose tentait de noyer sa conscience.
« Si ça se trouve elle est secrètement à la botte de Bowser »
Non, pas moi, fut la dernière pensée lucide qu’elle put modeler.
« Ce genre d’individu, ça devrait disparaitre »
C’était le piaf qui l’avait prononcé. Ceci fut la dernière chose qu’elle entendit avant de ne plus rien entendre. Elle n’entendait plus rien, ne voyait plus rien. Elle ne sentait plus rien. Tout était noir autour d’elle. Sa conscience perdue se retrouvait à nouveau dans les limbes. Tout à coup un cri lointain mais perçant lui rendit tous ses sens.

- MITSUKI ARRETE ! hurla celui-ci.

Mitsuki ouvrit les yeux ou plutôt les cligna car son corps, sans sa permission, l’avait fait à sa place. Elle regarda la scène totalement perdue. Plaqué contre le mur, le piaf avait les yeux révulsés, comme si un monstre se dressait devant lui. Avec sa main droite, elle le tenait par la gorge tandis que celle de gauche, enflammée et levée, était retenu par la langue de Yosushi, bien décidé à ne rien lâcher. Sa stature catatonique dura un moment puis elle desserra son étreinte. Le piaf tomba par terre et tout en crachotant, il sortit du bar en courant, suivit de près par ses deux partenaires. Yosushi délia délicatement sa langue du poignet de la magicienne. Toute l’assemblée s’était tût. Mitsuki, visiblement en état de choc, regardait sa main à présent éteinte dont les veines étaient devenues apparentes.

- Hem, toussa nerveusement le barman. Je vais vous demander de vous en aller. Gentiment. S’il vous plait.

Book partit en premier puis ce fut le tour de Mitsuki, poussée dans le dos docilement par Yosushi. Ce n’est qu’une fois à l’air frais que le reptile rouge se permit d’inspirer profondément. Il se tourna ensuite vers son amie qui s’était assise sur les marches de la potence. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Même lorsqu’elle était plus jeune elle ne se serait jamais comportée de la sorte. Bon, il est vrai que les évènements de l’année précédente ont été plus éprouvant pour elle que pour les autres, mais de là à tenter de blesser mortellement une personne. Pour lui c’était clair ; ce comportement ne pouvait plus durer.

- Je peux savoir ce qui a pris ? demanda Yosushi avec une pointe de colère.

- Je sais pas, chuchota Mitsuki d’une voix tremblante. Je sais pas. J’étais assise et ensuite plus rien. L’instant d’après je le tenais. Yosushi, j’te jure que c’était pas intentionnel.

- Bah tiens il manquerait plus que ça ! Tu te rends compte de ce qui vient de se produire ? Tu la veux vraiment la chance que la princesse t’a offert ? Excuse-moi de te le dire mais ce n’est pas lui faire honneur en te laissant aller comme tu le fais. D’abord ta disparition, ensuite ça. Ça ne peut plus continuer. T’auras vraiment de la chance si Mario ne l’apprend pas.

Mitsuki frissonna en entendant ce nom. Non pas qu’elle en avait peur mais rien que le fait qu’il sache un minimum de ce qui venait de se passer… Il ne la lâcherait plus d’une semelle et c’était bien la dernière qu’elle souhaitait. Elle ne répondit pas et se contenta de regarder le sol sans dire un mot. Yosushi soupira.

- Ecoute, continua-t-il. Je sais que tu es capable de grandes choses. Tu l’as prouvé maintes fois par le passé. Mais ce qui vient de se passer ce soir, ce n’est pas acceptable. Je veux bien passer l’éponge sur ce qui est arrivé et espéré que cela ne s’ébruite pas mais si tu veux vraiment que cela change et bien ce changement doit venir de toi. Bien et maintenant je vais essayer de trouver un endroit où dormir puisque tu nous as fait virer de l’auberge, et demain je veux que tu sois capable de te tenir correctement car compte pas sur moi pour payer les pots cassés sur ton passage.

Sur ces mots Yosushi tourna les talons et partit de son côté, laissant Book et Mitsuki seuls sur la place. Mitsuki remonta ses jambes vers son buste, des larmes coulaient sur ses joues. Elle avait échoué, une nouvelle fois. Comme début on ne pouvait pas faire pire, se dit-elle découragée. Entendant ses paroles et pour finir la soirée en beauté le destin, en grand fan d’humour putassier, lui offrit les nuages et une belle rincée. Book tapota de sa main glaciale l’épaule de la magicienne.

- Il a dit ça pour t’encourager et te faire progresser, rassura Book.

- Je sais, gémit-elle doucement. Mais je peux pas. Même avec le sabre de grand-père à mes côtés. J’y arrive pas.

- Aller vient. On va se mettre au sec.
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Il y a un terme technique pour quelqu’un qui confond les avis d’un personnage d’un livre avec ceux de l’auteur. Ce terme est idiot Stephen Michael Stirling
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koopa troopa
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Re: Volcardent

Message par koopa troopa »

Que dire, à part que c'est super ?

Non seulement c'est bon, comme à ton habitude, mais c'est même de mieux en mieux, j'ai l'impression.

J'attends la suite avec impatience, ça promet d'être super.
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scunindar
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Moi, la flemme de lire ton chapitre ce soir ? Mais non, voyons !

C'est super que tu te relances dans une fanfiction qui fasse suite à la première !
En plus comme dis koopa tu t'améliores, on attend donc les chapitres suivants avec impatience, surtout que tu as pu sauver le chapitre 3 :D:
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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Je le poste maintenant. Je ne veux pas le perdre à nouveau.

Chapitre 2 : L’île Delfino

C’est dans une atmosphère brumeuse et rosée d’un matin d’automne que Mitsuki se rendit accompagné de Book aux quais du port de Lacanaie. Le visage de la magicienne exprimait certes une grande détermination mais c’était sans compter sur ses yeux, rougis et cernés, qui affirmaient clairement du contraire. Elle avait eu une longue discussion avec Book la nuit dernière. Pour pallier aux difficultés qui l’attendait, Book lui conseilla de se comporter comme quelqu’un de désabusé. Faut laisser couler, lui avait recommandé le fantôme, le plus dur pour toi ça sera d’en avoir rien à fiche de ce que pense les autres. Mitsuki trouvait l’idée excellente sur le papier mais dans la pratique… Cependant, malgré ses doutes sur la réussite de ce projet, elle ne voulait pas décevoir Book. Les Boos avaient fait beaucoup pour elle et, pour la première fois depuis longtemps, elle se refusait à échouer. Ça va être long, ça risque d’être douloureux mais elle y arrivera quoi qu’il arrive. Yosushi les attendait à l’embarcadère. Ayant passé la nuit à l’écart, il ne savait pas ce qui s’était passé entre ces deux-là mais en voyant la mine déterminée de son amie, il comprit vite qu’il n’y avait pas à s’inquiéter.

Tout en crachotant sa fumée sortant de ses cheminées, le bateau sortit paresseusement du port emportant avec lui ses passagers. Le voyage devait durer trois jours bien qu’il aurait duré une dizaine d’heures s’ils avaient pris l’avion. Ce qui aurait été chose impossible car, même si l’une de nos trois protagonistes descendait des rois passés, Mitsuki ne possédait pas un revenu princier. L’intéressée allait de mieux en mieux mais ce n’était pas le bonheur pour autant. Disons que métaphoriquement elle flottait assez pour ne pas se noyer. Yosushi profita de ce moment pour faire un saut dans la piscine, tandis que Book, tout en sirotant sa boisson, mémorisait la préparation des cocktails que le barman brassait naïvement devant ses yeux. Le vent apparent était agréable, il glissait avec douceur sur les visages des voyageurs. Le trajet fut tellement confortable que personne ne vit le temps passer. A l’aube du troisième jour, l’île Delfino se dressa devant leurs yeux.

Tenant son nom de sa forme de dauphin, elle était réputée pour être un paradis tropical où le soleil brille sans interruption. Meilleurs établissements hôteliers, parc d’attraction spectaculaire et succulents fruits de mer, elle avait de quoi devenir une des destinations les plus appréciées du royaume champignon. Enfin tout ça c’est d’après les brochures et Mitsuki n’y croyait pas. Pour elle, un lieu aussi paradisiaque puait assurément la magouille. Il valait mieux qu’elle se montre vigilante lorsqu’elle rencontrera le maire. Le bateau accosta sur le seul port que possédait l’île : le port Ricco. C’était un port assez banal mais équipé d’un impressionnant système de grues, permettant de décharger facilement les conteneurs des cargos.

Les passagers sortirent patiemment à la file indienne par la fine passerelle puis ce fut au tour de Mitsuki dont la première impression fut de constater qu’il faisait à l’extérieur une chaleur estivale. Une fois débarquée, à l’écart et sur le quai, elle retira sa veste de ses épaules blanches exhibant alors un débardeur bleu cobalt. Elle ouvrit ensuite son sac pour en sortir une chemise à manches courtes, une cravate et y rangea sa veste. Elle n’oublia pas de mettre également des lunettes de soleil, sans quoi elle aurait fini à la fin de la journée avec une énorme migraine.

- T’aurait pu te changer sur le bateau, lui réprimanda Book en extirpant ensuite un nœud papillon de sa bouche béant.

- C’est pas un peu l’hôpital qui se moque de la charité, répliqua Mitsuki lui montrant du menton son accessoire tout en nouant le sien autour du cou.

- Y a eu un changement de dernière minute. Apparemment je dois prendre la première gondole en direction de la plage Sirena. Mon service commence dès que je serais arrivé. Ah voilà ! Impec’ !

- Et moi ? De quoi j’ai l’air ?

- T’as l’air d’une actionnaire qui est ici pour affaires.

- Oh. C’est les lunettes c’est ça ?

- Ouais.

- En même temps j’y peux rien. C’est le soleil ; il est trop éblouissant. Je les retirerais une fois que je serais à la mairie.

- C’est bon vous avez fini de vous habillez, demanda Yosushi s’incrustant dans la discussion.

- Ouais, affirma Book. On est tout beau pour aller travailler.

Une fois leurs sacs sur leurs dos, ils observèrent le port plus en détails. A l’évidence il semblait, de par ses bordures, n’être qu’une étape de plus à franchir avant de rejoindre les espaces dynamiques parsemés sur toute l’île. Ils virent notamment sur un autre quai des gondoles amarrées en instance de départ vers une destination qui leur était encore inconnue. Ils s’approchèrent du panneau d’information afin d’en savoir plus.

- Mince alors, s’écria Mitsuki. C’est écrit en langue pianta.

- T’arrives pas à le déchiffrer, fit Yosushi soudain étonné. Je comptais sur toi pour nous aider.

- C’est l’ancien langage que j’arrive à lire. Ça pour moi c’est incompréhensible.

- Et ça manque de clarté, indiqua Boo. Heureusement que l’île n’est pas connue pour ses panneaux d’affichage. Sinon, ça aurait été une belle erreur marketing.

- Oh mais attendez, interpela Yosushi. Je vois deux policiers Piantas au loin. On pourrait leur demander de nous indiquer le chemin.

- Très bonne idée. Comme ça on pourra leur demander pourquoi ils viennent vers nous.

Book avait effectivement vu juste. Deux Pianta orange et bleu s’avançaient dans leur direction. Ils marchaient vers eux, se dandinant d’une manière si grotesque que Mitsuki du se retenir de rire. Elle ne saurait comment s’en sortir si cela devait passer pour outrage sur agent de l’ordre. D’autant plus qu’ils n’étaient surement pas aidés par le pagne qui leur servait de pantalon.

- Lequel d’entre vous est le diplomate envoyé par la princesse Peach, interrogea le Pianta bleu.

- C’est moi, affirma Mitsuki en guise de réponse.

- Veuillez nous suivre s’il vous plait.

- Hein ? Mais pourquoi ? J’ai encore rien fait ! coupa la magicienne précipitamment.

- On se calme. Nous sommes juste ici pour vous conduire auprès du maire.

- Oh. Désolée. C’était instinctif.

- Hem bref. Nous allons vous emmener à votre quai où vous prendrez la gondole qui va à la place Delfino.

- Ça, ça veut dire que je ne pourrais pas te suivre Mitsuki, signala Book. L’hôtel Delfino est dans la direction inverse. Va falloir se quitter. En tout cas j’te souhaite bonne chance et t’oublie pas : garde la tête froide et tout se passera nickel. Et ma proposition tient toujours.

- Merci beaucoup Book, c’est sympa. Et toi Yosushi ? Tu m’accompagnes ? Je pense pas que ces messieurs soit gênés d’avoir un passager en plus sur le bateau. N’est-ce pas messieurs ?

- Non, répondit le Pianta orange. Mais dépêchez-vous. Le maire n’est pas du genre à attendre. Il aime que les problèmes se résolvent rapidement et sans effets secondaires si vous voyez ce que je veux dire.

- Oui, fit Mitsuki. Et bien ne perdons pas de temps. Allons-y.

Elle et Yosushi suivirent sagement les deux policiers vers leur embarcadère où ils s’installèrent dans une chaloupe. Les passagers se firent silencieux durant la traversée. Le seul bruit que l’on entendait était celui des vagues qui se brisaient mollement sur la coque. Yosushi regardait sa collègue. Elle gardait son visage tendu vers l’horizon et bien qu’il ne pouvait apercevoir les yeux de son amie, à la vue de ses épaules décontractés il pouvait en conclure qu’il n’y avait rien à craindre pour le moment. Mais Mitsuki n’était pas apaisée pour autant. L’hybris était calme. Non pas que cela la dérangeait, ce serait la dernière à s’en plaindre. Cependant, même quand il n’essayait pas de la contrôler, il était présent tel une ombre attachée à son propriétaire. Il avait parfois pointé le bout de son nez pendant le voyage dans le seul but de ne pas lui faire oublier sa présence. Mais là il était trop calme voir absent, comme si avoir pris possession de son hôte pendant une milli seconde l’avait satisfait. Mitsuki n’eut plus le temps de réfléchir, la gondole arrivait à la place Delfino.

Située au pied d’une montagne fumante, la place Delfino est reconnue pour être le lieu le plus important de l’île. Toute son administration y était concentrée. Ses bâtiments faits de briques de grès, recouverts de tuiles romanes, reflétaient les rayons du soleil tout en accentuant le côté paradisiaque du lieu. Mais ce n’était rien comparé au monument le plus célèbre de la cité, dressée au centre de la ville : la Porte du Soleil. Leur gondole, venant de l’ouest, s’engouffra doucement sous une arche les faisant alors entrer à l’intérieur de la cité. Elle vira ensuite de bord pour y débarquer ses passagers à un abord prévu à cet effet. Mitsuki descendit rapidement, soulagée d’avoir enfin un sol stable sous ses pieds. Yosushi fit de même. Il gardait néanmoins un regard intrigué vers le canal, curieux de savoir si nager dans de l’eau salée différait de l’eau douce. Il se promit de tenter l’expérience juste avant de suivre la marche de son amie, poussée par les deux Piantas. Il s’arrêta lorsqu’il la vit, souriante, lui faire signe de la tête, indiquant que leur voyage ensemble prenait fin et qu’ils devaient chacun vaquer à leurs occupations premières. Il la laissa partir même s’il ne pouvait s’empêcher d’avoir des doutes sur la suite des évènements. C’est sur un pas indécis qu’il se dirigea vers le marché afin d’y faire ses emplettes.

Mitsuki entra dans le grand bâtiment central qui s’avérait être la mairie. Pour une raison qui l’avait toujours intriguée, l’intérieur du bâtiment restait frais malgré la chaleur écrasante de dehors, exactement comme le château de Daisy et Luigi à Sarasaland. Elle ignora les deux policiers qui l’obligeaient à avancer dans le hall d’entrée et se contenta d’observer les lieux. Derrière un comptoir en feuilles de cocotiers tressées se tenait un raton laveur à chapeau de paille faisant office de secrétaire d’accueil. Le sol, fait de pierres blanches et lisses, relevait la trace d’un esprit excité par la perfection. Il en était de même pour l’escalier en marbre qui menait probablement vers le bureau du maire. C’est d’ailleurs le chemin qu’ils prirent plus ou moins volontairement pour une personne du groupe. Mitsuki sentit ses angoisses remontées. Elle n’était pas prête. Les questions jaillissaient par dizaines de sa tête sans qu’elle ne puisse y répondre dans l’immédiat. Mais elle comprit très vite qu’il était trop tard. Elle ne pouvait plus reculer. La porte du bureau se dressait devant elle et le Pianta orange venait de frapper à la porte.

- Entrez, fit une voix derrière la porte.

Les deux Piantas ne se firent pas prier et embarquèrent de force une Mitsuki qui essayait sans succès de faire bonne impression. Le sol était recouvert d’un immense tapis vert tandis que les murs contrastaient par son papier peint bleu clair. Un Pianta de couleur jaune se leva de sa table de travail. Il portait un costume cravate noir, des lunettes également de la même couleur et une moustache qu’on ne pouvait manquer.

- Ah vous devez être le diplomate que sa majesté la princesse Peach a envoyé, prononça le maire en tendant la main. Je suis le maire Mr Arecales.

- Enchantée de faire votre connaissance, répondit Mitsuki tout en la serrant. Je suis Mitsuki. J’ai bien été envoyé par la princesse Peach pour les traités que vous souhaitez modifier.

- Mmh vous semblez plutôt jeune pour un poste aussi important. Puis-je connaitre votre âge ?

- 19 ans monsieur.

- Ah. Et bien si la princesse vous a jugé apte à mener des négociations, je n’irais certainement pas la contredire. Installez-vous. Une fois ceci terminé, vous aurez tout le temps qu’il vous faudra pour visiter notre charmante île.

Mitsuki acquiesça et s’assit sur la seule chaise disponible. Une fois les documents sortis de son sac, ils se mirent à travailler. Ils discutèrent de chaque point posant problème et le résolvait sans aucune difficulté. Tout se passa rapidement vite, trop rapidement pour Mitsuki. Elle commençait à douter de la réelle raison de cet entretien. Elle se tint sur ses gardes et, si le maire ne crachait pas le morceau avant la fin de ce rendez-vous, elle trouverait un moyen de le faire parler. Subrepticement bien entendu.

- Eh bien voilà une affaire rondement menée, déclara le maire en signant le dernier document qui restait. Je me réjouis que ce ne soit plus un souci désormais. Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Mais dites-moi, avez-vous déjà visité notre île ?

- Non monsieur, répondit sincèrement Mitsuki. C’est la première fois que je viens ici.

- Etant son représentant je suis très satisfait de cette île. Son côté ensoleillé, ses fruits juteux, le son de la mer à proximité. Qu’est-ce qu’elle n’a pas pour plaire ? Un véritable petit paradis. Vous devriez faire un tour au parc Pinna. Vous êtes jeune. Vous devez aimer vous amuser. D’autant que ce remaniement des accords tombe à point nommé puisque nous aurons besoin d’argent pour construire notre nouvel espace de détente et de divertissement.
Il contourna son bureau pour se poster devant un grand chevalet sur lequel était posé un tableau recouvert d’un tissu blanc protecteur. Il le découvrit. Mitsuki pu admirer le coup de pinceau de l’artiste dont l’œuvre représentait une île garnie de petites cabanes exotiques en bois, d’une activité de plonger, de plusieurs bars restaurants et d’autres activités en lien avec le milieu touristique. Mitsuki, cependant, observa que quelque chose n’allait pas.

- Mais votre projet ne peut pas aboutir, fit remarquer Mitsuki. Cette île ne fait pas parti de l’archipel Delfino.

- Oh ceci n’est pas un problème, répondit Arecales. Nous avons découvert une île proche de notre Archipel que nous pouvons utiliser pour notre projet. Et cette île n’appartient à personne, n’est-pas merveilleux ? Cependant je ne l’aurais jamais cru capable de nous poser autant de problèmes.

Nous y voilà. Mitsuki se détendit sur sa chaise mais resta néanmoins sur ses gardes. Elle prit un air intrigué tout en gardant ses oreilles grandes ouvertes.

- Voyez-vous, reprit le maire, nous avons envoyé une équipe de géographes et d’aventuriers pour étudier le terrain mais ils ont dû quitter l’île précipitamment rapportant qu’ils ont été attaqués par des esprits frappeurs.

- Des esprits frappeurs ?

- Oui. Mais ce n’est pas tout. Comme je ne croyais pas à ces idioties, j’ai envoyé une autre expédition mais cette fois-ci ils étaient accompagnés de personnes « compétentes ».

- Et que s’est-il passé cette fois-ci ?

- Ils sont revenus au port avec un bateau à moitié détruit. Apparemment ils auraient été touchés par des roches volcaniques.
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scunindar
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Parfait, et j'aime le fait que ça se déroule sur l'île Delfino, vivement la suite !
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Re: Volcardent

Message par koopa troopa »

Comme le dit Scuni, on voit du pays !

C'est vraiment un des gros points forts de tes fics, faire du monde de Mario un truc épais et cohérent.

J'attends aussi la suite avec impatience.
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Dénommé Koopa, vous êtes le vinaigre.
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Mady
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Chapitre 3 : La traversée

- Une île hantée, hein ? résuma Book.

Mitsuki était à présent assise au bar de l’hôtel Delfino, sirotant un cocktail sans alcool que Book venait de lui servir et, malgré quelques regards indiscrets, elle trouvait la soirée plutôt tranquille. A ses côtés était posé un livre intitulé « Diplomatie à travers les âges ». Elle l’avait emprunté à la bibliothèque du château avec l’accord préalable de Papy Champi. Mais elle fut bien embêtée lorsqu’elle découvrit qu’il s’agissait d’une étude sur les diplômes, appelé également actes royaux, et non sur la diplomatie. Yosushi n’était pas avec eux, préférant profiter du spa situé au deuxième étage.

Nullement concentré sur le verre qu’il était en train d’essuyer, Book contemplait le regard perdu de Mitsuki qui semblait chercher des réponses dans les mouvements onduleux de sa boisson.

- Ouais, donna Mitsuki comme réponse. Il veut que j’aille y jeter un coup d’œil et si je trouve la source du problème le résoudre. Bon sang mais quel profiteur ! C’est pas un boulot pour moi ça. C’est le travail de Tastroff de résoudre ce genre de phénomènes.

- T’as qu’en même accepté, marqua Book.

- C’est vrai que je pouvais refuser mais cette histoire m’intrigue.

- Faut dire que des sommations à coup de roches magmatiques c’est pas banal. Cependant j’pense pas que ce soit des Boos qui ont fait le coup.

- Développe.

- Bah j’avoue qu’on est très à cheval sur le principe de propriété et de tranquillité mais de là à détruire le perturbateur, il y a tout un fossé tu crois pas ? Et puis à force de trainer avec nous, t’as au moins noté qu’on aime bien apparaitre devant les gens.

- Ne te méprends pas sur ce que j’ai dit. Vous accuser ne m’a même pas traversé l’esprit.

- Toi non, mais j’suis sûr que le maire, lui, y a pensé. J’ai papoté avec quelques Boos cet aprem’ et il semblerait que ce type nous ait pas à la bonne.

- En même temps avec qui vous n’avez pas de différends.

- On s’en fiche de l’opinion des autres. Ce qui compte c’est la bonne entente entre nous et les descendants royaux. De toute façon même s’il voulait nous virer de l’île, il pourrait pas. L’Hôtel appartient à un groupe de Boos et en plus il rapporte de l’argent. Donc, pas de souci de ce côté-là.

Mitsuki sourit et s’empressa ensuite de finir son verre. Elle redemanda de suite à Book un nouveau cocktail mais cette fois-ci avec alcool. Son regard repartit à nouveau dans le vide et l’ectoplasme comprit rapidement que quelque chose n’allait pas jusqu’à ce qu’il aperçoive un sourire triste se dessiner sur son visage. Les distantes discutions des clients et les regards qu’ils lançaient de temps à autre depuis leurs tables n’aidaient en rien à alléger l’atmosphère.

- Qu’est-ce t’as ? demanda-t-il intrigué. T’as l’air d’en avoir gros sur la patate.

- C’est rien. Je…Je me remémorais le moment où j’ai dû partir pour ce monde. Les yeux inquiets de ma mère. Mon père cachant ses émotions sous un visage de marbre. Et moi qui débordait de fierté. J’étais impatiente de faire honneur à ma famille. Qu’est-ce que j’ai pu être naïve ! Cet héritage ne m’a apporté que souffrance, violence et dangers. C’était peut-être pas la joie avant mais depuis l’incident, les gens ne me voient plus que comme un monstre.

- Et tu te demandes pourquoi s’est arrivé hein ? Ben j’vais t’le dire. Ta responsabilité dans cette histoire est accentuée par le fait que la princesse a été contrainte de dissimuler certains détails des évènements. Je ne lui jette pas la pierre, elle a fait le meilleur des choix. La vérité aurait fait plus dégâts. Du coup les gens cherchent un coupable dans l’affaire parce qu’il faut un responsable à leurs malheurs. Pas de bol t’étais sur place. L’accusé parfait qui va devoir réparer les pots cassés.

- Il ne s’agit pas que de cela. J’ai battu et détruit une menace qui pouvait anéantir le royaume champignon. Hé, par deux fois je l’ai sauvé et je n’en retire aucun bénéfice. Qu’est-ce qui me différencie de mon grand-père et de Mario ? Nous nous sommes tous les trois battus pour ramener la paix dans le royaume et seuls eux en ressortent couvert de gloire. Je ne demande pas de la gloire. Je veux simplement de la reconnaissance.

- Pour eux c’était différent. Ton grand-père est arrivé en plein âge sombre du royaume champignon où il était légitime d’éliminer quelqu’un afin d’offrir la lumière à des milliers d’autres. Mario, lui, est arrivé également en période de crise même si aujourd’hui, avouons-le, ses confrontations avec Bowser relèvent plus du jeu que d’une guerre ouverte. Toi c’est différent. T’es arrivée dans un monde en paix relative. Dépossédée de ta mission première, tu as inconsciemment recherché l’héritage de ta famille, sortant de terre par la même occasion les erreurs qu’elle ait pu commettre, t’obligeant alors à prendre l’entière responsabilité des conséquences qui en résultent. Il y a quelques années, personne n’aurait pu prévoir qu’un pouvoir magique était assez puissant pour tuer définitivement une personne. Au même moment voilà que d’anciennes légendes reprennent vie : des pierres magiques aux pouvoirs incommensurables et un mage voulant dominer le monde. Et qui se trouve être le facteur commun de tous ces évènements à problème : toi. Les gens n’iront pas chercher plus loin. Ils ont le coupable idéal.

- Comment j’ai pu passer à côté d’une explication aussi simple ?

- Faut dire que les évènements n’ont pas été très sympas avec toi depuis que t’es revenue.

- Du coup je fais quoi maintenant ?

- Ta situation n’est pas affriolante je dois le reconnaitre mais c’est comme ça. Faut faire avec alors relativise comme l’a dit ton pote le Yoshi.

- Urgh, j’ai la tête qui tourne.

- Ça c’est les trois boissons alcoolisées que tu as bu pendant qu’on discutait.

- Oh.

- Ça fera 35 pièces d’or.


Des gouttes d’eau. C’était ce que Mitsuki écoutait tomber en écho dans un paysage totalement blanc. Il lui arrivait de rêver comme tout le monde mais jamais elle ne s’était retrouvée dans un endroit aussi vide et brouillon. C’était comme se promener dans un croquis d’un décor inachevé. Les pieds dans des flaques d’encre, Mitsuki marcha en direction d’une ébauche de château quand un bruit de nature aqueuse se fit entendre derrière elle. Elle se retourna. Elle ne vit que le bras griffu en mouvement d’une silhouette entièrement noire aux yeux verts.

Mitsuki se réveilla brusquement, sa seconde cicatrice en feu. Elle sortit précipitamment de son lit, manquant de peu de s’écraser sur le sol et courut vers la salle de bain. Le miroir mural de la pièce lui présenta son reflet. On pourrait apercevoir ses veines naviguer de son bras droit, traverser en ramure sa cicatrice pour terminer leur voyage vers un œil couleur émeraude. Mitsuki commença à paniquer. Elle ne voulait pas perdre le contrôle une nouvelle fois. Fixant son reflet dans le miroir, elle se concentra. Au même moment les marques se retirèrent de leur propre volonté. La jeune femme aurait juré avoir senti l’hybris grogner de frustration. Elle soupira lourdement, ouvrit le robinet et s’aspergea le visage d’eau. Elle avait eu chaud encore une fois mais cela ne la soulageait pas pour autant. Comprenant que l’action directe ne fonctionnait plus, l’animal employait des tactiques de plus en plus sournoises, ce qui ne plaisait absolument pas à Mitsuki qui ne savait pas comment sortir victorieuse dans ce genre de situation. Voilà qu’il l’attaquait à présent dans son sommeil. Mais elle avait compris son jeu ; il essayait de lui faire perdre son sang-froid. Si cela devait se produire, elle deviendrait vulnérable et il pourra aisément franchir ses défenses et s’accaparer le contrôle de son corps.

Mitsuki descendit au restaurant de l’hôtel où on lui servit un copieux petit déjeuner. Elle mangea sans grande conviction. Elle finissait son omelette aux champignons quand Yosushi vint s’installer à sa table, un plat de fruits à la main.

- Alors ? Book m’a dit que tu t’en vas.

- Seulement pour quelques jours, répondit Mitsuki. Le temps de mettre les choses au clair. Ça te laissera le temps de faire ce que bon te semble sur l’île.

- Qui te dit que je n’ai pas envie de te suivre ?

- Excuse-moi !?

- Tu m’as bien entendu. Je t’accompagne.

Mitsuki répondit en grognant et en se pinçant l’arête du nez. Yosushi n’était pas un mauvais compagnon, c’était même le contraire. L’ennui c’est qu’elle n’avait ni le temps, ni l’envie de le supporter durant cette aventure. Et bien qu’elle aurait préféré faire le voyage seule, le regard déterminé de Yosushi l’informa clairement qu’il n’allait pas lâcher l’affaire.

- C’est à cause de ce qui est arrivé à Lacanaie ?

- En partie oui, dit Yosushi. Ecoute, je comprends que tu ne veuilles pas de moi mais je ne peux pas rester sur cette île à m’amuser alors que mon amie est en difficulté.

- Tu sais que je vais à un endroit dont on ne connait rien.

- Je sais.

- Ça risque d’être dangereux, entouré d’un immense océan.

- Ça ne me fait pas peur. Et si ça l’est, nous serons là pour nous épauler.

Après un court instant de réflexion, Mitsuki soupira à nouveau.

- Ça va j’ai compris, répondit-elle sur un ton blasé. J’abandonne. J’ai décidemment l’impression que rien ne va te faire changer d’avis.

Yosushi acquiesça avec détermination. Mitsuki se leva de sa chaise, posa ses lunettes de soleil sur son nez et mit ses mains dans les poches. Elle se préparait à partir lorsqu’elle se figea sur place et dirigea son visage vers Yosushi.

- Ah, aussi. Si tu peux éviter de me sortir ton discours sur l’amitié. Il n’y a rien de plus cliché.


Ils se rendirent tous les deux au port sous un soleil de plomb où un bateau les attendait selon les recommandations du maire. Enfin bateau, c’était parler avant de réfléchir. Il ressemblait plus à un catamaran qu’à un navire plus gros. C’était un petit voilier à coque rouge. Son constructeur avait tenté, sans succès, de donner à la proue usée la forme d’une tête de Cheep-Cheep. En le regardant la première fois, Mitsuki se cabra. Soit le maire avait loué ce rafiot au premier pêcheur du coin, soit il tentait de les faire remarquer de loin par la prétendue île hantée. Dans les deux cas, il se fichait totalement de leur pomme et Mitsuki ne le supportait pas. Cela n’allait pas arranger sa mauvaise humeur. Mais elle se calma rapidement pour éviter une nouvelle crise et monta dans le bateau. Voyant la réaction de son amie, Yosushi ravala sa remarque et se contenta de faire de même. Mitsuki rajusta sa casquette blanche et hissa l’unique voile d’une blancheur aveuglante, portant sur sa toile une spirale également rouge. La voile se gonfla de vent et le voilier s’élança en direction de l’océan.
Selon Mr Arecales, l’île était à une demi-journée de l’archipel Delfino. Nos deux aventuriers ne rencontrèrent aucune difficulté jusqu’à ce que le vent leur fasse défaut au bout d’une heure et demi de croisière. Stoppé en pleine mer, sans aucune brise et le soleil qui cognait sur leurs têtes, le climat était devenu insupportable si bien que Mitsuki se décida d’user un maximum de sa magie, quitte à tomber à sec lorsqu’ils arriveront à leur destination. Elle sortit son katana et lança régulièrement des bourrasques d’air dans la voile.

L’île se présenta devant leurs yeux plus tard que prévu. A première vue, elle n’avait l’air pas hantée mais Mistuki savait que les apparences sont souvent trompeuses. Le volcan fumant retenait énormément son attention car bien visible dans ce décor à l'environnement principalement vert. L’accueil ne se fit pas attendre. A peine furent-ils dans la ligne de mire que le volcan entra en éruption d’une façon pas du tout naturelle. Le cratère projeta des crachats de lave qui, au contact de l’air, se transformèrent en bombes volcaniques. Leur bateau vira aisément de bord et évita les projectiles qui tombèrent avec fracas dans l’eau. Bien qu'ayant échappé à la première vague, nos deux aventuriers restèrent cependant sur leur garde, sentant au fond d'eux qu'elle ne sera sans doute pas la dernière. Et au vu de la taille des projectiles, ils étaient au moins d'accord sur une chose : si un seul de ses rochers touche le bateau, il sera totalement détruit.

Malgré le fait qu'il était à la barre, Yosushi ne pouvait se résoudre à naviguer en ligne droite vers l’île. Il la longeait à une distance raisonnable, espérant trouver une plage plus sûre pour accoster. Cependant la seconde vague arrivait et cette fois-ci elle fut lancée de sorte à ce que les bombes ne ratent pas leur cible. L’une tomba à quelques centimètres de la coque et produisit une vague qui déstabilisa quelque peu nos marins amateurs. Malgré cela, Mitsuki invoqua une bourrasque qui propulsa le voilier avant qu’il ne soit touché par un autre projectile. Mais elle ne vit pas arriver la seconde roche en fusion qui emporta le mat du bateau et mit le feu à la voile avant de finir sa course dans l’eau. La jeune femme jura en se protégeant le visage des copeaux de bois qui volaient dans tous les sens. Elle ne se laissa pas déconcentrer pour autant. Puisant un maximum de pouvoir magique, elle prit avec force la barre des mains de Yosushi. Il n'eut pas le temps de réagir. Mitsuki libéra une de ses mains et plongea son katana dans l’eau. Comme prit d’une secousse, le bateau fila à toute vitesse.

La troisième vague volcanique se déclencha tandis que Mitsuki remarqua une plage propice pour accoster, mais elle comportait un risque non négligeable : elle était protégée par une barrière rocheuse partiellement immergée. D'un clignement de l’œil, la jeune femme concocta un plan. Si elle produit une vague suffisamment grande, ils pourront la passer sans problème. Sans prévenir son compagnon elle dirigea le bateau vers les récifs. Yosushi réalisa rapidement avec horreur la direction que prenait son amie. Avait-elle vu l’obstacle ?

- Mitsuki il y a une barrière rocheuse ! cria-t-il.

Les yeux remplis de détermination et totalement concentrer sur sa tâche, Mitsuki ne répondait pas et se contentait de fixer les récifs. Ça va marcher, se persuada-t-elle, sentant en elle une montée de puissance. Ses yeux changèrent de couleur. Maintenant ! Mais avant qu’elle ait pu libérer l’énergie stocké dans la lame, Yosushi la poussa violemment au niveau du flanc. La barre partit brusquement vers la droite, ce qui fit pencher dangereusement le voilier qui prit de plein fouet la puissante vague que Mitsuki avait créé par sa perte de concentration. Mitsuki qui d’ailleurs s’apprêtait à hurler sa colère sur le responsable quand un rocher volcanique entra en collision avec le bateau.
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Super chapitre... Yosushi a bien fait de venir :nerdz:
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Re: Volcardent

Message par Mady »

Yosushi a bien fait de venir :nerdz:
Qu'est-ce que tu entends par là ?
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Re: Volcardent

Message par scunindar »

Ben c'était un peu ironique, par rapport au fait que Yosushi a insisté pour venir et que la première chose qu'il a causé... c'est des ennuis. :^^':
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