Re: L'héritage
Publié : 22 juil. 2019, 20:09
Hein ? Un chapitre ? Mais oui c'est un chapitre.
Chapitre 4 :
Peach sentit un frissonnement lui traverser le corps à la seconde où la vague de magie apparue. Daiki l’a senti également. Il croisa le regard de la princesse qui semblait chercher un début de réponse à ce phénomène peu commun. Il détourna les yeux comme honteux. Par pur instinct et habitude, la princesse pensa de suite à Bowser mais se ravisa aussi vite que cette idée lui était apparue. Certes, il était habituel pour leur vieil ennemi d’utiliser la magie lors des rapts mais depuis la grossesse de Peach et l’arrivée des jumeaux, les invasions avaient pris une tournure plus organisée et moins imprévisible qu’auparavant. Si c’était vraiment le roi des Koopas, il aurait pris la peine de prévenir quelques jours à l’avance.
Voyant le visage tendu de sa bien-aimée, Mario se mit en garde devant le prince et quand il vit que ce dernier détournait le regard, son sang ne fit qu’un tour.
- Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? cria-t-il de colère.
Le père de Mitsuki ne répondit pas et se contenta de regarder dans le vide, ce qui mit Mario hors de lui. Si cette enflure venait à mettre sa femme et ses garçons en danger, il ne donnait pas cher de sa peau. D’un geste de pure haine, Mario le prit par le collet et le cloua au mur afin de faire réagir l’homme mais ce dernier resta impassible.
- Réponds-nous !
- Mario ! réprimanda Peach en voyant son mari perdre le contrôle de ses émotions.
Sa réprimande ne fonctionnant pas, elle mit sa main sur l’épaule de son mari et tenta de le calmer en lui parlant doucement. Ce fut une réussite car, après quelques instants, Mario relâcha son étreinte du cou de Daiki. Le problème étant réglé, Peach pouvait réfléchir à un plan de défense. Elle alla en direction de ses gardes Toads postés à l’entrée de son bureau :
- Ordonnez l’évacuation du château ! Que tout ceux capables et en état de se défendre tiennent le terrain le temps d’évacuer tous les citoyens. Connecter tous les tuyaux à Fort Dragon.
- Fort Dragon !? fit Mario interloqué par la décision de sa princesse. Peach tu ne penses pas…
- Si je pense Mario, coupa Peach. Nous avons besoin d’un point de retraite. Ne t’inquiète pas, je partirais en premier avec les garçons et je lui expliquerais la situation tandis que tu t’occuperas de l’intrus.
- Hum, je ne suis pas rassuré mais j’ai confiance en tes décisions. Tu peux compter sur moi.
Peach le remercia et partit avec un de ses gardes tandis que l’autre prenait la direction opposée afin de faire diffuser l’information dans tout le château. Mario se tourna avec le père de Mitsuki qui n’avait pas bougé de toute la conversation. Si lui et le mage étaient de mèche, il valait mieux ne pas le quitter des yeux. Toutefois, une question ne cessait de démanger le moustachu.
- Pourquoi faites-vous cela ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- Ne jouez pas l’imbécile ! Vous avez l’air bien au courant de ce qui se passe à l’extérieur. Alors je vous repose la question. Pourquoi ?
- C’est pas vos oignons !
Daiki ne voulait pas lui répondre. S’il avait des explications à donner, elles seront à sa fille. Une colère invisible à l’œil nu commençait à se répandre à l’intérieur de ses veines comme du givre par une nuit d’Hiver. Ce gros lard moustachu lui sortait par les yeux. Son air supérieur et sa volonté de vouloir tout contrôler. Tant pis pour lui, il l’avait bien cherché.
Daiki analysa son environnement et mit son plan d’évasion en marche. Il se mouva légèrement sur la gauche. Mario, en combattant expérimenté, ne lâcha pas sa cible des yeux et se déplaça lui-même rapidement sur la droite. Croyant que son adversaire voulait sortir, il lui bloquait le chemin vers l’unique porte de sortie. Ce mouvement lui coûta cher. Les yeux rivés sur son ennemi, Mario tournait le dos à une chaise en bois accostée à la porte du bureau.
Simulant une attaque frontale, Daiki fit sortir des racines du sol que le plombier s’empressa de faire disparaître. Il s’apprêta à riposter quand ladite chaise lui sauta dessus. Ses accoudoirs s’allongèrent et emprisonnèrent ses bras, le forçant à se caler au fond du siège. Il tenta de se dégager mais le bois avait repris son aspect massif. Le prince marcha tranquillement vers lui comme pour le narguer. Il se délecta du regard de haine que lui lançait le fameux héros du royaume.
- Vous savez, dit ce dernier, je pensais que vous alliez comprendre ma situation. Vous avez deux petits garçons et vous feriez tout votre possible pour qu’il ne leur arrive rien. C’est exactement ce que je suis en train de faire pour ma fille.
- En vous alliant à la personne qui veut la tuer ?
- Le conseil ne l’aurait jamais laissé en vie. En revanche, le mage se veut conciliant et accepte de lui laisser la vie sauve si elle rend ses artefacts au monde auxquels ils appartiennent.
- Et vous pensez sincèrement que Mitsuki va vous les remettre gentiment ? Cette fille est un électron libre. Elle est imperméable à l’autorité.
- Je suis son père, elle m’écoutera. J’en suis certain.
- C’est mal la connaitre.
- Assez ! J’ai assez perdu de temps avec vous. Je pourrais vous tuer sur le champ mais j’ai un travail plus important à réaliser. Le mage voudra surement vous régler votre compte personnellement.
Sur ces paroles, Daiki sortit du bureau en laissant Mario se débattre contre une chaise réticente.
De l’autre côté du château, Luigi et petit Luigi se précipitaient vers les remparts afin de localiser le point d’impact de la vague magique. Elle ne fut pas difficile à trouver. Un énorme trou noir inversé était apparu là où elle avait frappé. L’abysse s’agitait comme en proie à une réaction chimique. La solution violacée se mit à se mouvoir violement. Personne ne fut étonné quand elle explosa. Une première explosion se produisit, relâchant un vent si violent que nos trois compères sentirent son souffle puissant depuis les remparts.
Cyornis claqua nerveusement le bec : l’air était chargé de magie. La situation devenait dangereuse de seconde en seconde. Cet amas de mana diffusait à présent un brouillard de poussières violettes. Rasant le sol, ce dernier fut le responsable des cris de panique des habitants de Toadville qui tentaient désespérément de s’éloigner au plus vite de la zone de danger. Hélas, pour les plus proches du sinistre, leurs petites jambes ne furent pas assez rapides. Les fumées les rattrapèrent, puis, comme dotées de matière solide, elles s’accrochèrent à eux pour les faire tomber. Elles happèrent nombres de citoyens dont les hurlements s’éteignirent une fois leur corps englouti par les fumées.
Sous cette vision d’horreur, le visage de Luigi perdit de sa couleur, les plumes de Cyornis se rabattirent sur sa tête alors qu’il prenait un petit Luigi tremblant sous son aile.
- Il faut partir, maintenant, ordonna Cyornis.
- Mais…mais mon frère, la princesse ? balbutia Luigi.
- Je pense qu’ils sont au courant et qu’ils procèdent en ce moment même à l’évacuation. Il faut qu’on s’en aille.
- Non ! Je ne partirais pas tant que je ne saurais pas mon frère et sa famille en sécurité.
- Et bien fais comme tu veux, vociféra l’oiseau. J’étais juste venu vous prévenir et ramener petit Luigi auprès de Mitsuki.
Il déploya ses ailes et se mit à genoux. Petit Luigi hésita un instant à monter mais finit par s’accrocher au dos du piaf.
- Un conseil, dit Cyronis en se relevant. N’allez pas à l’affrontement. On ne connait pas l’étendu de sa magie, ni ce qu’elle fait. Contentez-vous juste d’évacuer le plus de monde possible.
- Parce que tu crois que je suis le genre à aller foncer dans le tas sans réfléchir ?
- Non mais ton frère oui.
Sur ces mots il s’envola haut dans le ciel, prenant bien soin d’éviter les fumées noires dégagées par les habitations en feu.
De l’autre côté du château, le susnommé frérot avait enfin réussi à s’extirper de sa prison en bois. Mario fulminait de rage, prêt à en découdre avec n’importe quel ennemi qui se présenterait devant lui. Sa colère était telle que des petites flammèches apparaissaient entre ses doigts.
Il arriva dans le Hall où une foule d’habitants s’étaient amassée afin de pouvoir emprunter la seule voie d’évacuation disponible. Une tension palpable se ressentait, les gardes tentaient de calmer les gens tandis que des enfants pleuraient de peur. Il chercha sa femme dans cet océan de champignons apeurés. Il l’a reconnu facilement, affublée qu’elle était de sa robe rose et l’a rejoint aussitôt.
- Les garçons ? demanda-t-il.
- Déjà partis.
- Bien.
- Le prince ?
- Il m’a échappé, grogna le plombier. J’avais des soupçons et ils se sont révélés juste : il travaille avec le mage.
- Voilà une nouvelle qui risque d’attrister Mitsuki.
Mario se tut à la remarque faite par la princesse. Il valait mieux ne rien dire car il connaissait sa bien-aimée. Si elle avait vent des raisons pour lesquelles le prince acceptait de collaborer avec le mage, elle refuserait de partir avant de lui avoir fait changer d’avis. Elle serait alors en danger et, ça, il ne pouvait le permettre.
Quelques instants plus tard, alors que l’évacuation battait son plein, il vit du coin de l’œil une silhouette verte approcher. Son frère venait de le rejoindre.
- Luigi, salua Mario une fois que le jeune plombier les a rejoints. Où est petit Luigi ?
- Il est parti avec Cyornis. Ils vont rejoindre Mitsuki.
- Cyornis ? Le petit ami de Mitsuki. Est-ce cela signifie que Mitsuki est au courant ?
- Apparemment oui car c’est elle qui a demandé à Cyornis de venir chercher petit Luigi et nous prévenir.
- Je ne serais pas contre une petite conversation avec Mitsuki. J’aimerais savoir comment elle a eu vent de cette attaque.
- Cyornis ne l’a pas mentionné.
- Mmh, j’espère juste qu’ils vont nous rejoindre plus tard. J’aimerais avoir un compte rendu complet avant de m’embarquer dans une contrattaque.
- Sérieux frérot !? On est en train de subir une invasion et tu réfléchis déjà à ça ?
- Silence vous deux, ordonna Peach. Vous entendez ?
Les deux frères se turent et tendirent l’oreille. C’était les bruits d’une foule venant de l’extérieur et elle semblait se rapprocher. Mario et Luigi pâlirent. D’où venait cette foule ? Les fumées avaient pourtant fait taire les cris de ses victimes. Les trois adultes se précipitèrent au balcon royal. Le spectacle leur glaça le sang.
Des centaines de Toads s’avançaient vers le château visiblement en colère. Torches et piques se dressaient aléatoirement dans cette masse haineuse. Leur peau devenue blanche était recouverte de veines violettes. Ils n’avaient pas été tués, ils avaient été contaminés.
- Barricader les portes du château ! cria la princesse.
- Mais…les autres votre altesse, bafouilla un des gardes.
- On ne peut rien faire pour eux pour l’instant. Ils sont déjà contaminés.
Les gardes se précipitèrent dehors afin de faire barrage à la foule en colère. Des poutres furent amenées pour bloquer les portes que les soldats tentaient désespérément de garder closes.
- A mort ! pouvait-on entendre derrière les murailles.
- Qu’on pende la princesse ! renchérit un autre.
Des jets de pierres suivirent les acclamations. Les portes furent prises de soubresauts ; quelqu’un avait d’apporter un bélier.
- On ne pourra pas tenir très longtemps ! s’exclama le chef des gardes. Fuyez princesse !
Peach, Mario et Luigi rentrèrent rapidement à l’intérieur du château. Ils s’aperçurent avec soulagement qu’il ne restait plus personne dans le hall.
- L’évacuation est presque terminée votre grâce, déclara un Toad.
- Parfait, souffla Peach. Mais hâtez-vous. Les portes ne tiendront plus longtemps.
Ils se dirigeaient tous vers la salle des tuyaux quand un horrible craquement de bois se fit soudain entendre. Des cris de bagarre le succédèrent. La porte avait cédé. Ils ne leur restaient que quelques minutes.
- Vite, cria Mario aux derniers Toads encore présents.
Luigi courait avec le groupe en direction de la salle des tuyaux. Il passa devant les grandes vitres dont la vue donnait sur la cour et ne put que s’arrêter devant l’affreux paysage. Des gardes tentaient sans succès de contenir la foule mais leur nombre diminuait de seconde en seconde. Un citoyen agrippa un garde, le renversa et lui mordit le chapeau. La morsure diffusa dans la plaie un liquide violet qui se propagea comme un poison tandis que le soldat hurlait de douleur. Le Toad contaminé ne le lâcha que lorsque la transformation fut complète. Devant cette scène d’horreur, l’estomac de Luigi fut tout retourner et ses yeux ne lui laissèrent aucun répit quand ils lui montrèrent un détail qui empira son mal être. Le Toad en question portait une salopette d’ingénieur similaire à celle des travailleurs dans la salle des tuyaux. Il n’eut pas le temps de réfléchir en profondeur à ce détail car quelqu’un le tirait fermement par la chemise.
- Ce n’est pas le moment de paniquer Luigi, dit le responsable qui n’était autre que son frère.
Et il avait bien raison car le chaos se propageait de manière pandémique. Ils arrivèrent dans la salle des tuyaux.
- Il ne reste plus que vous princesse, déclara le seul Toad qui restait.
Elle acquiesça, lança un dernier regard à son mari et sauta dans le tuyau. Le Toad fit de même. Ne restait plus que les deux frères.
- Après toi Luigi, fit Mario.
Mais Luigi ne bougea pas. Le Toad en salopette lui hantait la tête. Même contaminé, sommes-nous sûrs que celui-ci soit incapable de faire fonctionner le système de plomberie ? Il était trop risqué de partir sans verrouiller l’accès de leur fuite. Sinon toute cette évacuation ne servirait à rien. Il devait faire quelque chose.
- Luigi ? hésita Mario.
- Désolé frérot, murmura Luigi.
Sans crier gare, Luigi poussa violement son frère qui tomba à la renverse dans le tuyau. Ses mains se chargèrent en électricité et libérèrent une salve bleue vers les commandes, empêchant toute entrée et sortie du château. Les lampes de la salle explosèrent, le laissant seul dans le noir et la cacophonie produite derrière la porte.
Chapitre 4 :
Peach sentit un frissonnement lui traverser le corps à la seconde où la vague de magie apparue. Daiki l’a senti également. Il croisa le regard de la princesse qui semblait chercher un début de réponse à ce phénomène peu commun. Il détourna les yeux comme honteux. Par pur instinct et habitude, la princesse pensa de suite à Bowser mais se ravisa aussi vite que cette idée lui était apparue. Certes, il était habituel pour leur vieil ennemi d’utiliser la magie lors des rapts mais depuis la grossesse de Peach et l’arrivée des jumeaux, les invasions avaient pris une tournure plus organisée et moins imprévisible qu’auparavant. Si c’était vraiment le roi des Koopas, il aurait pris la peine de prévenir quelques jours à l’avance.
Voyant le visage tendu de sa bien-aimée, Mario se mit en garde devant le prince et quand il vit que ce dernier détournait le regard, son sang ne fit qu’un tour.
- Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? cria-t-il de colère.
Le père de Mitsuki ne répondit pas et se contenta de regarder dans le vide, ce qui mit Mario hors de lui. Si cette enflure venait à mettre sa femme et ses garçons en danger, il ne donnait pas cher de sa peau. D’un geste de pure haine, Mario le prit par le collet et le cloua au mur afin de faire réagir l’homme mais ce dernier resta impassible.
- Réponds-nous !
- Mario ! réprimanda Peach en voyant son mari perdre le contrôle de ses émotions.
Sa réprimande ne fonctionnant pas, elle mit sa main sur l’épaule de son mari et tenta de le calmer en lui parlant doucement. Ce fut une réussite car, après quelques instants, Mario relâcha son étreinte du cou de Daiki. Le problème étant réglé, Peach pouvait réfléchir à un plan de défense. Elle alla en direction de ses gardes Toads postés à l’entrée de son bureau :
- Ordonnez l’évacuation du château ! Que tout ceux capables et en état de se défendre tiennent le terrain le temps d’évacuer tous les citoyens. Connecter tous les tuyaux à Fort Dragon.
- Fort Dragon !? fit Mario interloqué par la décision de sa princesse. Peach tu ne penses pas…
- Si je pense Mario, coupa Peach. Nous avons besoin d’un point de retraite. Ne t’inquiète pas, je partirais en premier avec les garçons et je lui expliquerais la situation tandis que tu t’occuperas de l’intrus.
- Hum, je ne suis pas rassuré mais j’ai confiance en tes décisions. Tu peux compter sur moi.
Peach le remercia et partit avec un de ses gardes tandis que l’autre prenait la direction opposée afin de faire diffuser l’information dans tout le château. Mario se tourna avec le père de Mitsuki qui n’avait pas bougé de toute la conversation. Si lui et le mage étaient de mèche, il valait mieux ne pas le quitter des yeux. Toutefois, une question ne cessait de démanger le moustachu.
- Pourquoi faites-vous cela ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- Ne jouez pas l’imbécile ! Vous avez l’air bien au courant de ce qui se passe à l’extérieur. Alors je vous repose la question. Pourquoi ?
- C’est pas vos oignons !
Daiki ne voulait pas lui répondre. S’il avait des explications à donner, elles seront à sa fille. Une colère invisible à l’œil nu commençait à se répandre à l’intérieur de ses veines comme du givre par une nuit d’Hiver. Ce gros lard moustachu lui sortait par les yeux. Son air supérieur et sa volonté de vouloir tout contrôler. Tant pis pour lui, il l’avait bien cherché.
Daiki analysa son environnement et mit son plan d’évasion en marche. Il se mouva légèrement sur la gauche. Mario, en combattant expérimenté, ne lâcha pas sa cible des yeux et se déplaça lui-même rapidement sur la droite. Croyant que son adversaire voulait sortir, il lui bloquait le chemin vers l’unique porte de sortie. Ce mouvement lui coûta cher. Les yeux rivés sur son ennemi, Mario tournait le dos à une chaise en bois accostée à la porte du bureau.
Simulant une attaque frontale, Daiki fit sortir des racines du sol que le plombier s’empressa de faire disparaître. Il s’apprêta à riposter quand ladite chaise lui sauta dessus. Ses accoudoirs s’allongèrent et emprisonnèrent ses bras, le forçant à se caler au fond du siège. Il tenta de se dégager mais le bois avait repris son aspect massif. Le prince marcha tranquillement vers lui comme pour le narguer. Il se délecta du regard de haine que lui lançait le fameux héros du royaume.
- Vous savez, dit ce dernier, je pensais que vous alliez comprendre ma situation. Vous avez deux petits garçons et vous feriez tout votre possible pour qu’il ne leur arrive rien. C’est exactement ce que je suis en train de faire pour ma fille.
- En vous alliant à la personne qui veut la tuer ?
- Le conseil ne l’aurait jamais laissé en vie. En revanche, le mage se veut conciliant et accepte de lui laisser la vie sauve si elle rend ses artefacts au monde auxquels ils appartiennent.
- Et vous pensez sincèrement que Mitsuki va vous les remettre gentiment ? Cette fille est un électron libre. Elle est imperméable à l’autorité.
- Je suis son père, elle m’écoutera. J’en suis certain.
- C’est mal la connaitre.
- Assez ! J’ai assez perdu de temps avec vous. Je pourrais vous tuer sur le champ mais j’ai un travail plus important à réaliser. Le mage voudra surement vous régler votre compte personnellement.
Sur ces paroles, Daiki sortit du bureau en laissant Mario se débattre contre une chaise réticente.
De l’autre côté du château, Luigi et petit Luigi se précipitaient vers les remparts afin de localiser le point d’impact de la vague magique. Elle ne fut pas difficile à trouver. Un énorme trou noir inversé était apparu là où elle avait frappé. L’abysse s’agitait comme en proie à une réaction chimique. La solution violacée se mit à se mouvoir violement. Personne ne fut étonné quand elle explosa. Une première explosion se produisit, relâchant un vent si violent que nos trois compères sentirent son souffle puissant depuis les remparts.
Cyornis claqua nerveusement le bec : l’air était chargé de magie. La situation devenait dangereuse de seconde en seconde. Cet amas de mana diffusait à présent un brouillard de poussières violettes. Rasant le sol, ce dernier fut le responsable des cris de panique des habitants de Toadville qui tentaient désespérément de s’éloigner au plus vite de la zone de danger. Hélas, pour les plus proches du sinistre, leurs petites jambes ne furent pas assez rapides. Les fumées les rattrapèrent, puis, comme dotées de matière solide, elles s’accrochèrent à eux pour les faire tomber. Elles happèrent nombres de citoyens dont les hurlements s’éteignirent une fois leur corps englouti par les fumées.
Sous cette vision d’horreur, le visage de Luigi perdit de sa couleur, les plumes de Cyornis se rabattirent sur sa tête alors qu’il prenait un petit Luigi tremblant sous son aile.
- Il faut partir, maintenant, ordonna Cyornis.
- Mais…mais mon frère, la princesse ? balbutia Luigi.
- Je pense qu’ils sont au courant et qu’ils procèdent en ce moment même à l’évacuation. Il faut qu’on s’en aille.
- Non ! Je ne partirais pas tant que je ne saurais pas mon frère et sa famille en sécurité.
- Et bien fais comme tu veux, vociféra l’oiseau. J’étais juste venu vous prévenir et ramener petit Luigi auprès de Mitsuki.
Il déploya ses ailes et se mit à genoux. Petit Luigi hésita un instant à monter mais finit par s’accrocher au dos du piaf.
- Un conseil, dit Cyronis en se relevant. N’allez pas à l’affrontement. On ne connait pas l’étendu de sa magie, ni ce qu’elle fait. Contentez-vous juste d’évacuer le plus de monde possible.
- Parce que tu crois que je suis le genre à aller foncer dans le tas sans réfléchir ?
- Non mais ton frère oui.
Sur ces mots il s’envola haut dans le ciel, prenant bien soin d’éviter les fumées noires dégagées par les habitations en feu.
De l’autre côté du château, le susnommé frérot avait enfin réussi à s’extirper de sa prison en bois. Mario fulminait de rage, prêt à en découdre avec n’importe quel ennemi qui se présenterait devant lui. Sa colère était telle que des petites flammèches apparaissaient entre ses doigts.
Il arriva dans le Hall où une foule d’habitants s’étaient amassée afin de pouvoir emprunter la seule voie d’évacuation disponible. Une tension palpable se ressentait, les gardes tentaient de calmer les gens tandis que des enfants pleuraient de peur. Il chercha sa femme dans cet océan de champignons apeurés. Il l’a reconnu facilement, affublée qu’elle était de sa robe rose et l’a rejoint aussitôt.
- Les garçons ? demanda-t-il.
- Déjà partis.
- Bien.
- Le prince ?
- Il m’a échappé, grogna le plombier. J’avais des soupçons et ils se sont révélés juste : il travaille avec le mage.
- Voilà une nouvelle qui risque d’attrister Mitsuki.
Mario se tut à la remarque faite par la princesse. Il valait mieux ne rien dire car il connaissait sa bien-aimée. Si elle avait vent des raisons pour lesquelles le prince acceptait de collaborer avec le mage, elle refuserait de partir avant de lui avoir fait changer d’avis. Elle serait alors en danger et, ça, il ne pouvait le permettre.
Quelques instants plus tard, alors que l’évacuation battait son plein, il vit du coin de l’œil une silhouette verte approcher. Son frère venait de le rejoindre.
- Luigi, salua Mario une fois que le jeune plombier les a rejoints. Où est petit Luigi ?
- Il est parti avec Cyornis. Ils vont rejoindre Mitsuki.
- Cyornis ? Le petit ami de Mitsuki. Est-ce cela signifie que Mitsuki est au courant ?
- Apparemment oui car c’est elle qui a demandé à Cyornis de venir chercher petit Luigi et nous prévenir.
- Je ne serais pas contre une petite conversation avec Mitsuki. J’aimerais savoir comment elle a eu vent de cette attaque.
- Cyornis ne l’a pas mentionné.
- Mmh, j’espère juste qu’ils vont nous rejoindre plus tard. J’aimerais avoir un compte rendu complet avant de m’embarquer dans une contrattaque.
- Sérieux frérot !? On est en train de subir une invasion et tu réfléchis déjà à ça ?
- Silence vous deux, ordonna Peach. Vous entendez ?
Les deux frères se turent et tendirent l’oreille. C’était les bruits d’une foule venant de l’extérieur et elle semblait se rapprocher. Mario et Luigi pâlirent. D’où venait cette foule ? Les fumées avaient pourtant fait taire les cris de ses victimes. Les trois adultes se précipitèrent au balcon royal. Le spectacle leur glaça le sang.
Des centaines de Toads s’avançaient vers le château visiblement en colère. Torches et piques se dressaient aléatoirement dans cette masse haineuse. Leur peau devenue blanche était recouverte de veines violettes. Ils n’avaient pas été tués, ils avaient été contaminés.
- Barricader les portes du château ! cria la princesse.
- Mais…les autres votre altesse, bafouilla un des gardes.
- On ne peut rien faire pour eux pour l’instant. Ils sont déjà contaminés.
Les gardes se précipitèrent dehors afin de faire barrage à la foule en colère. Des poutres furent amenées pour bloquer les portes que les soldats tentaient désespérément de garder closes.
- A mort ! pouvait-on entendre derrière les murailles.
- Qu’on pende la princesse ! renchérit un autre.
Des jets de pierres suivirent les acclamations. Les portes furent prises de soubresauts ; quelqu’un avait d’apporter un bélier.
- On ne pourra pas tenir très longtemps ! s’exclama le chef des gardes. Fuyez princesse !
Peach, Mario et Luigi rentrèrent rapidement à l’intérieur du château. Ils s’aperçurent avec soulagement qu’il ne restait plus personne dans le hall.
- L’évacuation est presque terminée votre grâce, déclara un Toad.
- Parfait, souffla Peach. Mais hâtez-vous. Les portes ne tiendront plus longtemps.
Ils se dirigeaient tous vers la salle des tuyaux quand un horrible craquement de bois se fit soudain entendre. Des cris de bagarre le succédèrent. La porte avait cédé. Ils ne leur restaient que quelques minutes.
- Vite, cria Mario aux derniers Toads encore présents.
Luigi courait avec le groupe en direction de la salle des tuyaux. Il passa devant les grandes vitres dont la vue donnait sur la cour et ne put que s’arrêter devant l’affreux paysage. Des gardes tentaient sans succès de contenir la foule mais leur nombre diminuait de seconde en seconde. Un citoyen agrippa un garde, le renversa et lui mordit le chapeau. La morsure diffusa dans la plaie un liquide violet qui se propagea comme un poison tandis que le soldat hurlait de douleur. Le Toad contaminé ne le lâcha que lorsque la transformation fut complète. Devant cette scène d’horreur, l’estomac de Luigi fut tout retourner et ses yeux ne lui laissèrent aucun répit quand ils lui montrèrent un détail qui empira son mal être. Le Toad en question portait une salopette d’ingénieur similaire à celle des travailleurs dans la salle des tuyaux. Il n’eut pas le temps de réfléchir en profondeur à ce détail car quelqu’un le tirait fermement par la chemise.
- Ce n’est pas le moment de paniquer Luigi, dit le responsable qui n’était autre que son frère.
Et il avait bien raison car le chaos se propageait de manière pandémique. Ils arrivèrent dans la salle des tuyaux.
- Il ne reste plus que vous princesse, déclara le seul Toad qui restait.
Elle acquiesça, lança un dernier regard à son mari et sauta dans le tuyau. Le Toad fit de même. Ne restait plus que les deux frères.
- Après toi Luigi, fit Mario.
Mais Luigi ne bougea pas. Le Toad en salopette lui hantait la tête. Même contaminé, sommes-nous sûrs que celui-ci soit incapable de faire fonctionner le système de plomberie ? Il était trop risqué de partir sans verrouiller l’accès de leur fuite. Sinon toute cette évacuation ne servirait à rien. Il devait faire quelque chose.
- Luigi ? hésita Mario.
- Désolé frérot, murmura Luigi.
Sans crier gare, Luigi poussa violement son frère qui tomba à la renverse dans le tuyau. Ses mains se chargèrent en électricité et libérèrent une salve bleue vers les commandes, empêchant toute entrée et sortie du château. Les lampes de la salle explosèrent, le laissant seul dans le noir et la cacophonie produite derrière la porte.