
Sur ce, bonne lecture.
CHAPITRE 1 : La quête
Le soleil rayonnait haut dans le ciel et frappait si fort en ce milieu de l’été que bébé Luigi se demandait comment lui, son frère, bébé Peach et bébé Daisy, pouvaient encore s’amuser sous cette chaleur à mourir. La température finit par prendre le dessus et le jeu prit fin. Ils s’installèrent tous près de la fontaine à la recherche de la fraîcheur qui en émanait. Six ans s’étaient déjà écoulés. Son enlèvement et la série de péripéties qui en suivit durant ces années avaient rendu bébé Luigi calme et très mature pour son âge. Il avait désormais neuf ans et comme son frère et les autres il rechignait à ce qu’on ajoute le terme de « bébé » devant son prénom. Mais on avait facilement trouvé un terrain d’entente. Tout le monde s’était mis d’accord pour employer l’épithète « petit ». Petit Luigi s’aspergea le visage d’eau et dirigea ensuite son regard vers la petite Daisy. Elle ne semblait aucunement dérangée par la température qu’il faisait et cela se comprenait car elle avait l’habitude de ce genre de climat. Elle vivait à Sarasaland comme Daisy et faisait le chemin en tuyaux pour venir jouer avec eux. Cependant au lieu de voir de l’impatience dans ses yeux comme elle avait l’habitude de le montrer lorsqu’ils faisaient une pause, elle semblait aujourd’hui un brin mélancolique aux yeux de petit Luigi. Il décida qu’il lui poserait la question plus tard lorsqu’ils seront seuls tous les deux. Il était bientôt l’heure pour petite Daisy de s’en aller et de retourner à Sarasaland. Tout le monde se rendit alors vers la salle des tuyaux quand Mario fit irruption à l’angle d’un couloir.
- Ah petit Mario je te cherchais, dit Mario, prend tes affaires on part en mission. Petite Peach, la princesse t’attend dans son bureau pour vos cours de l’après-midi. Ne soyez pas en retard tous les deux.
- Tout de suite Mario, répondirent en cœur les deux intéressés.
Petit Luigi ne put s’empêcher de remarquer le regard de fierté limite arrogant que lui lançait petit Mario ce qui avait le don de l’exaspérer au plus haut point. Il s’en alla au côté de Mario tandis que la princesse aux cheveux dorés eut la politesse de leur dire au revoir à tous les deux avant de disparaître également. Petit Luigi ne savait pas ce à quoi pensait à cet instant petite Daisy mais lui il se sentait comme s’il avait été mis sur la touche. La main de petite Daisy entra en contact avec la sienne. Il sursauta puis rougit.
- Peux-tu me raccompagner jusqu’au tuyau s’il te plaît ? demanda-t-elle.
- B-bien sûr, bredouilla petit Luigi un peu confus.
Visiblement il y avait des choses qui ne changeaient pas. Tout comme Luigi, petit Luigi l’a trouvait très jolie avec sa robe orange et ses cheveux vénitiens. Il aimait son humeur joyeuse et dynamique. Cependant il ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. Est-ce que l’histoire est obligée de se répéter avec eux ? Certes ils étaient comme des copies enfants de leurs homologues adultes mais cela ne voulait pas forcément dire qu’ils devaient agir comme eux. Cela plaisait à petit Luigi de savoir que Luigi s’occupait désormais de Sarasaland avec Daisy mais c’était l’entre-deux qui l’effrayait. Il enviait petit Mario qui partait à l’aventure tandis qu’il restait au château à contempler des illustrations dans les vieux livres de la bibliothèque. Il aurait donné beaucoup de chose pour être à la place de son frère. Il devait faire quelque chose même si ce n’était qu’une petite action. Il repensa aux yeux mélancoliques de petite Daisy. Il s’arrêta net et croisa le regard de petite Daisy.
- Pourquoi tu avais l’air triste lorsqu’on était à la fontaine, demanda-t-il.
- Tu as dû mal regardé, répondit-elle, je ne suis pas triste. Tu te trompes lourdement.
-Oh allez ! Tu étais moins enthousiaste que d’habitude. Quelque chose t’embête ? Tu peux m’en parler à moi. Je te promets de ne rien dire.
Petite Daisy hésita mais au fond elle savait que de tous c’est à lui qu’elle faisait le plus confiance.
- Bon d’accord, abandonna-t-elle, mais tu le promets, hein ? Sinon gare à toi.
- Promis, répondit Luigi.
- Avec le climat aride et tropical qui règne à Sarasaland, je n’ai pas l’occasion d’apercevoir la neige tomber sauf les fois où je viens au château pour vous voir en hiver. Mais même là elle ne tombe qu’en petits flocons et ne donne pas une aussi grosse couche que sur la montagne Glagla. En fait j’aimerais que des tonnes de neige tombent dans la cour du château et qu’on y joue dedans.
- Tu voudrais que la neige tombe en été c’est ça ? Hum, c’est impossible.
- Je savais que tu ne me prendrais pas au sérieux ! s’écria petite Daisy.
- Du calme, je n’ai rien dit de méchant. Je voulais juste dire que je ne connais aucun objet qui peut faire tomber de la neige en été. Les objets que l’on connaît comme la fleur de feu et l’étoile d’invincibilité ont été créés par le premier Roi du royaume champignon. S’il avait créé un tel artefact ça le serait…Attends…Mais oui ! Suit-moi !
Petit Luigi lui prit la main et courut en direction de la bibliothèque du château. Il venait de se souvenir. Quelque chose qu’il avait vu lors de ses nombreuses heures d’ennuis à essayer de faire passer le temps en feuilletant les vieux ouvrages que Papy Champi l’autorisait à regarder. Il ouvrit la porte de ladite pièce et lâcha la main de petite Daisy pour se précipiter d’un pas décidé vers les étagères les plus anciennes. Papy Champi, qui était assis dans un fauteuil, baissa l’ouvrage qu’il consultait pour lancer un regard désapprobateur à la silhouette de petit Luigi. Ce dernier revînt avec dans les mains un livre dont la couverture de cuivre commençait à partir en miettes. Il jeta un air désolé à Papy Champi qui finit par retourner à ce qu’il faisait auparavant. Petite Daisy rejoignit intriguée petit Luigi qui tournait les pages énergiquement. Papy Champi n’aime sûrement pas ce bruit, songea petite Daisy en s’asseyant, petit Luigi va finir par se faire taper sur les doigts et pas uniquement par le vieux maître.
- Ah voilà regarde, finit par dire petit Luigi.
Petite Daisy se pencha. L’ouvrage était écrit en langue ancienne et avait l’avantage d’être accompagné par de jolis dessins faits d’une encre sèche depuis des siècles. Petit Luigi posa alors son doigt sur un de ces dessins. Par des nuances de gris et de contours noirs, il représentait une fleur similaire à d’autres fleurs magiques dont ils connaissaient déjà l’existence sauf que celle-ci était accompagnée à ses côtés par un flocon de neige dont les branches, d’après l’opinion de petite Daisy, étaient magnifiques.
- Je me disais bien que j’avais déjà vu ce genre de fleur quelque part, dit petit Luigi. C’est une fleur de neige, enfin je pense qu’elle doit s’appeler ainsi car je ne connais pas l’ancienne langue.
- Ce doit être une fleur très rare. Même Mario ne doit pas connaître son existence et pourtant il sait pleins de choses sur les objets magiques. Ou alors elle a complètement disparu.
- Pff, je suis sûr qu’il ne sait même pas la moitié des mystères du royaume champignon. Mitsuki, elle, elle connaît pleins de choses et comme Papy Champi elle est beaucoup plus intelligente que lui.
- Qu’est-ce que tu en sais ? Si ça se trouve ce n’est même pas vrai. Elle n’est pas là pour le prouver.
- Si le livre dit qu’il existe une fleur de neige c’est qu’il doit en avoir une ! Tiens pour te le prouver j’irais jusqu’à en ramener une moi-même !
Petit Luigi ne savait pas si c’était le fait qu’elle lui ait parlé de Mario ou de Mitsuki qui l’avait amené à prendre ce ton brutal avec elle. Mais ce qu’il savait c’est qu’il commençait à en avoir plus qu’assez. C’était une accumulation de tous les événements et habitudes qu’il devait subir au quotidien et qu’il supportait de moins en moins. Il bredouilla une excuse tandis que Petite Daisy le regardait avec étonnement, puis elle rompit le silence.
- Attends, tu ne vas pas te mettre à la recherche d’un objet rare uniquement pour prouver que tu peux accomplir quelque chose tout seul et que ce livre dit vrai. J’ai juste dit ça sur un ton de défi, tu n’es pas obligé de le prendre au pied de la lettre.
- Si ! Et je te l’offrirais après.
- Personnellement je suis très touché par ce que tu viens de dire et je trouve cela très romantique de ta part. Seulement il y a un obstacle à ça.
-Lequel ?
- Papy Champi et la princesse Peach ne te laisseront jamais sortir tout seul.
Là elle marquait un point. Autoriser un enfant à courir sans surveillance dans tout le royaume champignon n’était même pas une solution envisageable. Petit Luigi était dans une impasse et il se rendait bien compte que la provocation l’avait embarqué bien loin. Mais il avait envie de partir à l'aventure, non il en avait besoin. Il s’avança quand même vers Papy Champi. Ce dernier ne bougea pas de son fauteuil et le regarda à la manière d’un pédagogue.
- Si ça ne tenait qu’à moi. La réponse aurait été non.
- Pourquoi ça, demanda petit Luigi curieux.
- Étant donné la délicatesse avec laquelle vous consultez des ouvrages vieux de plus d’un siècle, je doute sincèrement que l’objet de votre recherche revienne en un seul morceau.
Petit Luigi rougit de honte en entendant ces paroles.
- De plus votre camarade a raison, continua-t-il, c’est dangereux à votre âge de sortir sans être accompagné et la princesse Peach sera aussi de cet avis. Je sais que nous sommes en période de paix mais ce n’est pas une raison pour déroger à la règle. A l’exception faite si vous trouvez un adulte responsable et qualifié.
- Petite Daisy retourne à Sarasaland, je pourrais demander à Luigi de partir à l'aventure avec moi.
- C'est une possibilité mais ne vous attendez pas à une réponse positive de sa part.
Ces derniers mots sonnèrent étrangement dans la tête de petit Luigi. Au contraire, il ne voyait pas Luigi refuser. Ce dernier passait tellement de temps dans son bureau à signer des papiers qu'il ne dirait sûrement pas non à un instant au grand air. Il sortit de la bibliothèque suivit par Petite Daisy et se dirigea promptement vers la salle des tuyaux située dans l'aile est du château. Il laissa d'abord sauter petite Daisy dans le tuyau indiqué et s’exécuta à son tour. Il sentit sur son visage le vent produit par la vitesse émise du tuyau. Déjà tiède au départ, il se réchauffait à mesure que le voyage s'éternisait. Ils se rapprochaient de plus en plus de Sarasaland. Arrivé à destination près de l'entrée du château, petit Luigi ne put s'empêcher de constater à quel point le soleil cognait et l'air irrespirable.
- Dépêches-toi de rentrer dans le château si tu ne veux pas finir en toast grillé, cria petite Daisy qui avait déjà ouvert l'une des grandes portes du château.
Petit Luigi se précipita à l'intérieur avec soulagement. Par on ne sait quel miracle, sûrement magique comme disait petite Daisy, la température du château restait relativement stable durant les saisons, ce qui rendait l'atmosphère agréable même dans les cas de canicule extrême que connaissait Birabuto durant l'été.
- Bon je te laisse, fit petite Daisy en lui faisant un sourire et un clin d’œil, tu connais le chemin. C'était amusant aujourd'hui.
Petit Luigi rougit légèrement et la regarda sans bouger partir de son côté. Du hall, il se dirigea vers un grand couloir adjacent qui menait directement vers l'aile réservé à l'administration royale. De toute évidence, comme on le disait occupé, Luigi ne pouvait être que là-bas. Il croisa sur son chemin quelques Pionpi du royaume Chai discutant entre eux et qui lui confirmèrent bien ce qu'il avait supposé. Il marcha alors nonchalamment jusqu'à l'accès du bureau royal gardé par Biokinton qui flottait paresseusement dans l'air. Celui-ci le laissa passé et petit Luigi entra.
La salle était grande, simple, bien éclairée par d'immenses ouvertures creusées dans des murs de pierres blanches. Et derrière un bureau en bois d'acacia se tenait le couple royal de Sarasaland. Luigi avait troqué sa célèbre salopette et son pull pour une tenue plus légère composé d’une fine chemise blanche, d’un pantacourt beige et de sandales. Daisy, dont on ne voyait que la tête et la poitrine, portait une banale robe d'été de couleur orangé et se tenait assise à côté de Luigi. Elle avait l’air exténuée, ce qui n’était pas habituelle. Luigi, quant à lui ,avait les yeux rivés sur de nombreux papiers disposés sur le bureau. Il griffonna sur l’une d’entre elles, prononça de manière tendu un « falloir régler tout ça » avant de la déposer sur la pile naissante de paperasse. Il leva ensuite sa tête vers Daisy, lui fit un sourire qu’elle lui rendit puis il dirigea son regard vers petit Luigi.
- Que me vaut ta visite petit Luigi, demanda Luigi en souriant.
- Est-ce que je peux te parler de quelque chose, en privé si ça ne t’ennuie pas, ajouta-t-il nerveusement.
Son sourire se changea en un regard à la fois interrogateur et soupçonneux qui, de derrière son bureau, fit baisser la tête à petit Luigi. Prenant son courage à deux mains, petit Luigi lui lança un regard suppliant pour l’amadouer. Luigi soupira.
- Bon d’accord, abandonna Luigi, mais pas plus de cinq minutes. Excuse-moi Daisy.
Chose surprenante c’est lui qui se leva de sa chaise. Il embrassa Daisy sur la joue et il sortit de la pièce suivit de près par petit Luigi. Il ferma la porte derrière eux.
- Bon alors, qu’est-ce que tu veux me dire de si important pour que ce soit secret.
- J’ai besoin de ton aide pour une mission.
- Écoute, on en a déjà parlé de tout ça. Tu sais très bien que la situation a changé et que je ne suis plus en mesure de t’apporter mon aide.
- Mais cela ne prendra qu’une journée, peut-être moins ou plus mais je te jure que ça ne prendra jamais plus de deux jours. Juré.
- Je suis désormais à la tête d’un royaume encore plus grand que le royaume champignon et les soucis ne cessent de s’accumuler ces temps-ci. Je ne peux me permettre de m’absenter ne serait-ce qu’un seul moment, ce serait irresponsable de ma part. Et puis il y a Daisy. Je ne peux pas la laisser gérer seule tout cela surtout maintenant. Non, je suis désolé mais il faut que tu trouves quelqu’un d’autre pour t’accompagner.
Petit Luigi baissa la tête. Il attendait beaucoup de cet entretien mais Luigi lui faisait une nouvelle fois faux bond. Mais c’était compréhensible, il avait de nouvelles responsabilités. Cependant avec le peu de fois où il sortait en mission, petit Luigi se demandait s’il serait prêt un jour à protéger les royaumes avec son frère. Cette possibilité s’éloignait de plus en plus à ses yeux.
- Je voulais rapporter une fleur de neige, gémit petit Luigi, c’est pour petite Daisy. Elle aime la neige tu sais.
Luigi posa un genou à terre et déposa sa main sur l’épaule de petit Luigi.
- Même cet argument ne me fera changer d’avis, dit Luigi, je suis navré, c’est impossible.
- J’ai vraiment besoin d’un adulte sinon papy Champi ne m’autorisera jamais à partir.
- Demande à Mario de venir avec toi.
- Il est parti avec petit Mario en mission. C’est bizarre, lui il trouve le temps pour l’entraîner.
- Tu ne vas pas remettre le sujet sur la table ! Toi et moi nous savons qu’avec Mario c’est différent. Et Yosushi ?
- Il a ses cours de natation et on est en été. Il n’a pas trop le temps en ce moment.
L’été était une saison chargé chez les yoshis. La récolte des fruits et des légumes nécessitait un effort colossal en cause du nombre incroyable de produits à ramasser. Connaissant la nature des yoshis à dévorer tout ce qui était comestible, c’était très impressionnant de les voir aussi sérieux concernant la nourriture. Ils étaient certes tentés mais ils restaient professionnels. Mitsuki avait encore fait très fort cette année, pensa petit Luigi. Soudain son esprit s’illumina. Il sourit à cette solution.
-Je pourrais demander à Mitsuki de m’accompagner…..Oh oui c’est vrai.
La grimace de Luigi lui fit lui rappeler que cette question restait compliquée. Mitsuki était actuellement introuvable. Elle avait pris pour étrange habitude au fil des ans de donner de moins en moins de nouvelles et se montrait distante. Ça avait commencé il y a quatre ans. Tout le monde pensait que le problème était réglé mais ça n’a fait que péricliter. Elle ne réapparaissait que lorsqu’on avait besoin d’elle et même en sachant cela il arrivait à petit Luigi de la rater. Le pire c’était quand deux Toads au château disaient l’avoir vu dans le couloir quelques instants auparavant. Il n’arrivait jamais à la voir, à croire qu’elle disparaissait comme elle apparaissait. Cela l’énervait d’autant plus que ses lettres se raréfiaient et que personne ne savait où elle était et quand elle le serait. Comme un boo mais en pire.
- Au point où ça en est, ça vaut peut-être le coup d’essayer, dit Luigi, mais ne t’étonnes pas d’un échec. Si tu veux mon avis tu devrais aller demander au manoir des boos. Ils ont souvent connaissance des déplacements de Mitsuki.
- Je vais essayer. Merci quand même.
Visiblement ce n'était pas son jour. Plus les minutes s'écoulaient et plus petit Luigi se demandait si la venue de ce voyage tant désiré se réaliserait. Tout reposait sur le peu d'informations que les boos voudront bien lui offrir, eux qui sont connus pour être très avare en conseils. Voit le bon côté des choses, pensa de manière sarcastique petit Luigi, tu es au moins sorti du château. Il prit le tuyau pour retourner à la salle aux tuyaux mais cette fois-ci il prit celui qui l'amènerait à l'orée de la forêt de la brume. Le manoir se dressait menaçant devant lui près à défier le moindre héros téméraire d'entrer afin que ses serres ténébreuses se referment sur lui pour l'éternité. Du moins c'était l'impression que lui donnait petit Luigi en le voyant. Hormis quelques coassements de grenouilles venant du marais et le bruit du vent passant dans des endroits exigus il y régnait un silence sinistre. Ce genre d'ambiance plaisait aux boos qui n'aimant pas être dérangés et ça expliquait l'installation de ce manoir sur ce terrain si lugubre. Petit Luigi leva les yeux au ciel. Il se demanda alors si c'était l'ambiance qui avait rendu le ciel gris ou bien l'arrivée imminente d'un orage. Quoi qu'il en soit le temps était à la fraîcheur et il n'allait pas rester dehors longtemps. Il frappa à la porte trois fois. Elle s'ouvrit avec grincement. Soudain deux points bleus apparurent dans le noir de l'embouchure puis enfin le boo entier qui portait un nœud papillon.
- Tient, tiens, tiens mais regardez qui voilà, déclara le portier connu sous le nom de Boob, la mini copie de ce bon vieux Luigi. Qu'est-ce qui nous faut ta visite ?
- Est-ce que Mitsuki est là, demanda petit Luigi dont la voix tremblait légèrement.
- Mitsuki hein ? Désolé petit elle est pas là pour l'instant. Mais t'as du bol elle risque de venir par ici alors entre le temps de te réchauffer. D'après les copains elle est en chemin pour rentrer.
- Merci c'est gentil, remercia petit Luigi en entrant dans le hall.
- Bah t'imagines pas des choses, répondit Boob en fermant la porte derrière lui. C'est juste parce qu'elle t'aime bien qu'on te laisse entrer. Elle apprécie notre compagnie et on aime bien la sienne. Elle est comme nous ,elle aime bien la tranquillité.
- Elle s'arrête souvent ici ?
- Oh plus souvent qu'au château ça tu peux me croire. Elle part pendant un temps, en général entre une ou plusieurs semaines mais jamais plus d'un mois, et elle revient ici pour se ressourcer. C'est sa maison en quelque sorte.
Boob fit signe à un autre boo qui partit à travers un mur. La pluie commença à tomber et, à en juger à la rapidité des gouttes qui s'écrasaient sur le sol et le toit, l'orage risquait d'être violent. On ne voyait plus grand chose dans le hall et les bougies allumées ne faisaient rien pour y remédier.
- Pourquoi elle est distante à votre avis, questionna petit Luigi.
- Sincèrement gamin, nous les boos, on en a aucune idée, signala Boob. Les gens ont tous leurs petits secrets qu'ils aiment bien garder cachés. Certains sont plus gros que d'autres et ces gens n'ont pas certainement envie que quelqu'un les découvre. Mais peut-être que je divague, peut-être que je dis la vérité ou peut-être que je te ment en ce moment même. Qui pourrait le savoir ? Moi oui mais pas toi. Si ça se trouve c'est notre mode de vie qui la contaminer.
Le boo eut à peine fini son étrange discours que la porte du manoir s’ouvrit brutalement dans boucan pas croyable. Une silhouette noire se dessinait sur le palier et avec l’orage qui grondait à l’arrière, cela lui donnait un aspect encore plus imposant. Elle s’avança et dans la lueur des chandelles petit Luigi aurait pu la reconnaître entre mille. Habillée d’un manteau sombre de voyage et d’une besace en cuir usée par le temps, elle rabattit sa capuche en arrière découvrant ses cheveux bruns attachés vers l’arrière en queue de cheval. Sa figure était pâle et ses yeux noirs sans fond dont l’un avait une vilaine cicatrice lui donnaient l’air de scanner chaque parcelle de votre corps pour dénicher un quelconque point de faiblesse. C’était Mitsuki. Elle se débarrassa silencieusement de son sac et de sa veste qu’elle accrocha sur un vieux porte-manteau. Elle portait dessous un débardeur qui laissait apercevoir son collier composé d’une étoile blanche et d’une sphère noire. Une seconde mais large balafre descendait de la base de son cou jusqu’à son bras droit dont petit Luigi ignorait l’origine. Elle souffla comme de soulagement.
- Rien ne vaut une bonne petite pluie pour se rafraîchir, dit-elle.